« LA FIN de la peau virile ? » C’est Bernard Andrieu, épistémologue et spécialiste de la philosophie du corps, qui pose la question dans le dernier cahier de l’Observatoire Nivéa*, lequel s’est donné pour but d’étudier « les cultures du corps et du paraître comme enjeux de société ». La réponse ne se réduit bien sûr pas à un simple mot de trois lettres.
Tout d’abord le poil. « La fonction de protection et de régulation thermique du poil semble inesthétique, voire préhistorique, à l’homme moderne », nous dit l’auteur. Mais s’ils sont de plus en plus nombreux à s’épiler et à recourir à des soins esthétiques (entre 2000 et 2005, la vente de cosmétiques masculins a augmenté de 20 %), cela n’exclut pas la virilité. Celle-ci a pris les formes modernes qui donnent, selon les modèles à la mode dans les magazine le métrosexuel (David Beckham) et l’übersexuel ( « Un homme à l’apparence macho ou virile mais qui l’entretient soigneusement »). C’est l’homme à la barbe de trois jours, « qui maintient une distance entre une pilosité excluante et une apparence socialement acceptable » (même pour un médecin en exercice ?).
Féminisation de l’homme qui répond à une masculinisation de la femme ? La question des genres est l’objet de débats aussi passionnés que de haute tenue. Pour le sociologue David Le Breton, qui s’exprime dans le même cahier, l’individualisation actuelle conduit chacun à donner sa propre définition et « l’effacement de la virilité comme modèle d’excellence multiplie les définitions possibles du masculin ». Aucun modèle ne fait plus l’unanimité, souligne-t-il et « dans les milieux sociaux de classes moyennes ou privilégiées, la douceur, la prévenance ont pris le pas sur les attitudes machistes » (toutes les femmes ne seront sans doute pas d’accord).
Ce qui est sûr, c’est que « l’esthétisation croissante du corps », avec les archétypes de beauté promus par le marketing, est à l’uvre aussi chez les hommes. Mais ces derniers refusent encore le camouflage, le maquillage, pour privilégier l’apparence du « naturel » et font valoir, dans leurs recours aux soins cutanés, aux séances de fitness ou aux régimes un souci de santé plus que de beauté.
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