Le Pr André Scheen (faculté de médecine de l'université de Liège) a rappelé les heurs et malheurs des antidiabétiques mis sur le marché depuis un demi-siècle. Au premier rang desquels « l’affaire » rosiglitazone, accusée d’accroître le risque cardiovasculaire (CV) des diabétiques de type 2 en 2007, qui est à l’origine des règles imposées depuis par la Food and Drug Administration (FDA) et repris par l'agence européenne du médicament [EMA]) concernant l’impact cardiovasculaire (CV) de tout nouvel antidiabétique. Trois cas sont envisagés : soit une supériorité dans les études de phase 2-3 ; soit une non-infériorité mais avec un IC touchant 1,3 (possible surrisque de 30 % vs comparateur), qui fait alors exiger de larges études post-mise sur le marché (règles très strictes, jugement sur le critère MACE) ; soit enfin une infériorité et alors rejet par la FDA.
Les autres aspects de cette sécurité des nouveaux médicaments discutés durant la session étaient en relation avec de possibles autres effets indésirables sérieux, par exemple et surtout pancréatiques (cancers, pancréatites aiguës) pour les incrétines, infectieux, céto-acidoses avec les glifozines, mais aussi acidoses lactiques et hypoglycémies pour les anciens antidiabétiques.
Des accusés les deux ans…
Depuis plus d’une décennie nous sommes soumis à une alerte tous les deux ans ! Rosiglitazone en 2007 : innocentée depuis ; glargine et cancer en 2009 : innocentée depuis ; retrait de la pioglitazone en 2011 pour surrisque de cancer de la vessie en France : seulement et sous surveillance mais non retirée ailleurs car non risque confirmé ; première alerte, en 2011 également, sur les risques pancréatiques exocrines des incrétines : de plus en plus réfuté, après bientôt 10 années d’usage et de pharmacovigilance ; en 2013, risque d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque avec la saxaglipine dans l’étude SAVOR TIMI 53 ; en 2015 risque de cétose et de fractures avec les glifozines. On peut se demander que nous réserve 2017 !
souvent innocentés
Que reste-t-il de tout cela ? Pour les incrétines, répétons le risque de cancer du pancréas est de plus en plus réfuté par plusieurs études, y compris en mars 2016 par une immense étude basée sur les données françaises du SNIIRAM (1,340 million de diabétiques) et donc les chiffres de la CNAM-ts elle-même ! Pour la sécurité CV, la plupart des gliptines (iDPP4) ont déjà répondu aux exigences de la FDA sur les critères MACE (TECOS pour la sitagliptine, SAVOR pour la saxagliptine, EXAMINE pour l’alogliptine) et ELIXA pour le lixisenatide (non encore sur le marché). Quant à l’insuffisance cardiaque avec la saxagliptine (sans surmortalité), ce constat reste mystérieux : malchance statistique, véritable surrisque avec cette gliptine ? Alors qu’il n’y a pas d’effet classe, surtout pour la sitagliptine – et le lixisenatide pour ce premier arGLP1 étudié, tandis que l’étude LEADER avec le liraglutide est attendue en juin 2016.
Le Pr Scheen insiste donc sur les très bons résultats confirmés de la classe des incrétines, avec en suspens la question des hospitalisations pour insuffisance cardiaque sous saxagliptine.
CHU Grenoble
D'après la conférence plénière du Pr André Scheen. Flash-back sur les différentes alertes concernant les antidiabétiques au cours des 10 dernières années
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