Une étude qui visait à évaluer l’association entre l’utilisation du arGLP1 et la prévalence de l’augmentation du contenu résiduel gastrique (CRG) — un facteur de risque majeur d’inhalation sous anesthésie, mesuré par échographie gastrique — a révélé que la durée de jeûne préprocédurale suggérée par les recommandations actuelles pourrait être inadéquate pour ce groupe de patients (1).
Les participants avaient suivi les directives de jeûne avant anesthésie générale. Le critère de jugement principal était la présence d’une augmentation des CRG, définie par la présence de solides, de liquides épais, ou de plus de 1,5 ml/kg de liquides clairs à l’échographie gastrique.
Parmi les 124 participants (âge médian 56 ans, 60 % de femmes), la prévalence d’une augmentation des CGR était de 56 % (35 sur 62) chez les patients utilisant le arGLP1 (une fois par semaine), contre 19 % (12 sur 62) chez les patients qui n’en prenaient. Après ajustement pour tenir compte des facteurs de confusion, une prévalence plus élevée de 30,5 [9,9 - 51,2] % persistait d’augmentation : RR = 2,48 [1,23 à 4,97]. Il n’y avait aucune association entre la durée de l’interruption du arGLP1 et la prévalence d’une augmentation des CRG.
Dans une plus petite série canadienne (2), un contenu gastrique visible a été documenté dans 17 cas dans le groupe GLP1 (19 %) et dans 5 pour le groupe témoin (5 %), avec un risque accru de 5,8 [1,7 à 19,3] ; p = 0,004.
Un risque à anticiper
Face à une explosion des indications de traitement par arGLP1, pour DT2 et plus encore obésité, les « cases report » se multiplient sur ce sujet de vidanges gastriques très incomplètes et durables. Et ce, même lorsque les recommandations de rester à jeun durant au moins 18 heures sont respectées. Dans certaines interventions, une inhalation après l’anesthésie a pu être évitée de justesse et le contenu gastrique évacué au moment de la reprise de conscience était composé d’aliments consommés deux à trois jours avant la chirurgie !
D’autres cas plus graves sont rapportés, conduisant les médecins anesthésistes américains à mettre en garde leurs collègues, en particulier lors d’intervention sous anesthésie générale de sujets recevant un arGLP1 ou du tirzepatide, d’autant que ces médicaments agissent durant une semaine.
Les anesthésistes suggèrent d’interrompre le traitement durant une semaine si le geste n’est pas urgent, si la situation de diabète est bien prise en charge malgré cette interruption, et d’être d’autant plus prudent que le patient rapporte des troubles gastriques depuis la prise de ces médicaments, en différant le geste après analyse du contexte.
Sinon, la durée de jeune demeure de 18 heures, mais en faisant en sorte de maintenir la sonde gastrique jusqu’au réveil complet et d’avoir une vigilance accrue chez de tels sujets - en attendant, les recommandations actualisées de la part des sociétés savantes.
Rappelons aussi que la gastroparésie est une complication classique du diabète par neuropathie, avec une prévalence évaluée à 10 % des sujets avec DT2.
(1) Sen S, Potnuru PP, Hernandez N, Goehl C, Praestholm C, Sridhar S, Nwokolo OO. Glucagon-Like Peptide-1 Receptor Agonist Use and Residual Gastric Content Before Anesthesia. JAMA Surg. 2024 Mar 6:e240111.
doi: 10.1001/jamasurg.2024.0111.
(2) Wu F, Smith MR, Mueller AL, Klapman SA, Everett LL, Houle T, Kuo B, Hobai IA. Association of glucagon-like peptide receptor 1 agonist therapy with the presence of gastric contents in fasting patients undergoing endoscopy under anesthesia care: a historical cohort study. Can J Anaesth. 2024 Mar 14. English
doi: 10.1007/s12630-024-02719-z.
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