LES GREFFES allogéniques d’îlots pancréatiques chez les diabétiques de type 1 ont la capacité de restaurer une normoglycémie. Le manque de greffons disponibles limite considérablement les possibilités de faire appel à cette option thérapeutique. Le travail sur les xénogreffes de tissu porcin, qui représenteraient une alternative, doit surmonter de très importantes barrières immunologiques et les approches qui permettraient de réduire l’intensité de l’immunosuppression sont très importantes. À cet égard, l’utilisation de tissu embryonnaire porcin représente une voie de travail, qui connaît une avancée grâce aux efforts de l’équipe de Gil Hecht et coll. (Israël). Ils montrent que, prélevé à un stade précis de l’embryogénèse, le tissu de cellules embryonnaires précurseurs de pancréas induit et utilise une vascularisation de l’hôte pour sa croissance et son développement.
Tissu embryonnaire pancréatique.
« Nous avons récemment montré chez des souris que du tissu embryonnaire pancréatique de porc prélevé à J42 du développement de l’embryon (E42) présente des propriétés optimales pour réaliser un traitement de remplacement des cellules bêta. » Cette date a été calculée soigneusement. À un stade plus précoce, le tissu embryonnaire présente un risque substantiel de formation de tératome. L’équipe s’est donc efforcée pendant plusieurs années de détecter le moment le plus précoce de la gestation où le risque de tératogénicité ne se pose plus.
Un diabète a été induit chez les quatre Cynomolgus (macaques), par administration de streptozocine. Un mois après, du tissu embryonnaire E42 porcin a été implanté dans l’épiploon. Une immunosuppression a été induite par un protocole connu pour être bien toléré dans les allogreffes : anticorps anti-CD20 (Rituximab), anti-CD25 (Basiliximab) et Everolimus. Deux des singes sont morts d’infections associées au bout de 2 et 3 mois. Chez les deux autres, suivis respectivement pendant 393 et 280 jours, l’étude valide la preuve du concept.
Une réduction du besoin d’insuline exogène est observée à partir du quatrième mois après la transplantation. Au cinquième mois, les singes sont devenus totalement indépendants de l’insulinothérapie. Ils atteignent un contrôle physiologique total des variations du glucose plasmatique.
L’origine porcine de l’insuline est établie par analyse radio-immunologique du peptide C de porc.
De plus, les auteurs montrent que le tissu en croissance est vascularisé de manière prédominante par les vaisseaux de l’hôte, « ce qui fait échapper l’animal greffé aux épisodes de rejet hyperaigu ou aigu, qui pourraient se produire en raison de la présence d’anticorps de porc préexistants. » Le mésenchyme qui environne le développement du pancréas a une implication active et il joue de plus un rôle dans la différenciation.
Croissance exponentielle.
Une protection durable du greffon est ainsi obtenue. « On doit noter que le tissu précurseur embryonnaire utilisé dans notre étude n’a pas la même relation dose/réponse que lors d’une transplantation d’îlots pancréatiques. Le tissu embryonnaire présente un potentiel de croissance exponentielle que n’ont pas les îlots et il n’y a pas eu de nécessité d’adopter la quantité transplantée au poids de l’organisme receveur. » Pour une même quantité de cellules embryonnaires transplantées, on pourrait obtenir des organes de différentes tailles.
« Même si des mises au point fines de la suppression immunitaire, de la dose de tissus à implanter et des techniques d’implantation doivent maintenant être réalisées, notre étude démontre que le tissu embryonnaire pancréatique de porc E42 peut normaliser le taux de glucose sanguin chez des primates. Sa capacité de survie à long terme, d’être revascularisé par l’endothélium de l’hôte et son immunogénicité réduite sont des éléments de nature à suggérer que cette approche pourrait offrir un traitement alternatif pour le diabète ».
Proc Natl Acad Sci, édition en ligne.
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