L’ABLATION partielle ou totale de la thyroïde à l’aide du robot Da Vinci a été développée par W. Chung à Séoul, « un "phénomène" qui réalise 2 800 thyroïdectomies par an, contre 800 à 900 en France dans les plus gros centres. Lors d’une présentation récente à un congrès nous avons été frappés par la qualité du travail. Avec le système robotique, on peut faire aussi bien qu’en chirurgie ouverte », souligne le Pr Brunaud. Au-delà de l’aspect cosmétique, on est impressionné par la qualité de dissection que permet le robot.
L’expérience française pour la thyroïde reste encore très réduite : un cas précédent à Nîmes (lire «Le Quotidien» du 6 octobre 2009) et ce cas nancéien. La patiente constituait un « bon cas », avec un lobe prédominant du côté droit. La voie d’entrée se fait par le creux axillaire droit. L’abord du lobe contro-latéral est plus compliqué : il faut une optique à 30° et dépasser la trachée, précise le chirurgien. L’intervention a duré entre 3 et 4 heures, ce qui est plus long que pour l’intervention standard, mais doit se réduire avec l’expérience. « Nous sommes frappés par la faisabilité. On avance doucement, mais cela n’est jamais difficile, témoigne le chirurgien. On voit extrêmement bien le nerf récurrent, qui apparaît gros comme un crayon, ainsi que les parathyroïdes. »
Réduire les complications.
Les suites sont extrêmement simples. L’objectif avec le système robotique est de réduire les complications récurrentielles et parathyroïdiennes. L’expérience de Chung montre que, par rapport à la chirurgie ouverte, il a un peu plus d’hypoparathyroïdies temporaires et autant de définitives. Mais la preuve d’une égalité ou d’une supériorité de cette méthode comparativement à la méthode standard n’est, pour le moment, pas formellement établie.
« Pour que la technique soit adaptée, elle doit être utilisable pour la majorité des thyroïdectomies », précise le Pr L. Brunaud. En France, sont réalisées environ 55 000 thyroïdectomies par an. Le robot Da Vinci comporte trois bras articulés portant à leur extrémité les instruments chirurgicaux très fins, de 5 à 8 mm de diamètre. Le chirurgien dirige les instruments à partir d’une console où il visualise le champ opératoire par une vidéoscopie offrant des images numériques en trois dimensions (mini-caméras). Une démultiplication des mouvements des bras du robot associée à une magnification de l’image permettent des gestes d’une précision inégalée. Les bras du robot peuvent exécuter des mouvements à 180 degrés, ce qu’un poignet humain ne peut faire. Ainsi, cette robotique chirurgicale mini-invasive offre plusieurs avantages : des cicatrices dissimulées et de petite taille et des suites opératoires simplifiées.
Différents services chirurgicaux.
Le robot Da Vinci qui est au CHU de Nancy depuis 2001, est utilisé par les différents services chirurgicaux : en chirurgie endocrinienne bien sûr (surrénales, by-pass gastriques), en chirurgie rectale (cancers prolapsus rectaux et génitaux), en chirurgie de l’œsophage, du pancréas et de l’estomac, en urologie, en cardiologie, en cancérologie gynécologique et ORL.
« Ainsi, entre 200 et 300 interventions sont réalisées par an au CHU de Nancy par les différentes équipes infirmières et médicales. » Plusieurs centres américains commencent aussi et ce moyen est appelé à se développer. « Plus le geste est compliqué et plus cela peut être utile », précise le Pr Brunaud.
* Secrétaire de l’association francophone de chirurgie endocrinienne (AFCE)
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