Au cours de l’allaitement, la qualité de l’alimentation de la mère est un facteur important de la santé de la femme et de son enfant. Mais contrairement à la grossesse, il n’y a pas de recommandations nutritionnelles spécifiques chez la femme allaitante – il est préconisé de bien suivre les règles du Plan national nutrition santé.
Une étude réalisée par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc), avec le soutien des laboratoires Gallia, s’est penchée sur les apports alimentaires et nutritionnels d’un échantillon de 250 femmes allaitantes en France métropolitaine (1). Les données de consommation ont été recueillies à l’aide d’un carnet alimentaire sur 7 jours consécutifs.
La majorité des femmes, multipares dans 57 % des cas, étaient âgées de 25 à 34 ans et avaient un niveau d’études supérieur à Bac +1. Les nourrissons étaient âgés en moyenne de 5,3 mois et, dans plus de la moitié des cas, ils étaient nourris exclusivement au sein. Les participantes ont pour la plupart (88 %) renseigné le carnet sur 7 jours et dans tous les cas au moins 4 jours.
L’un des premiers enseignements de ce travail est l’insuffisance des apports énergétiques, en moyenne de 1 669 kcal par jour ; 87 % des femmes se situaient ainsi en dessous des apports recommandés. Comparativement aux femmes du même âge, les femmes allaitantes ne mangent pas plus, voire moins. Il semble donc que les messages préconisant de ne pas suivre un régime amaigrissant pendant l’allaitement ne soient pas entendus. Les apports en liquides étaient également trop faibles, avec seulement 1 168 ml/jour de boissons, dont à peine la moitié sous forme d’eau. Près des deux-tiers des participantes ont rapporté consommer des jus, nectars et autres boissons sucrées, et un peu plus du café et du thé de façon régulière au cours de la semaine. En revanche, une minorité ont indiqué consommer des boissons alcoolisées (au moins un verre par semaine).
Trop peu de fruits, légumes, produits laitiers
Plus de neuf femmes sur dix consommaient des légumes, et sept sur dix des fruits, mais dans des proportions inférieures à ce que recommande le PNNS dans 89 % des cas. Une majorité consommait aussi des produits laitiers et des fromages, mais là encore les quantités étaient trop faibles : moins de 3 portions par jour pour 84,5 % des femmes. Il en est de même pour les produits céréaliers : moins de 20 % des femmes en consommaient entre 3 et 6 portions par jour. Peu de viande également, avec 33 g/jour en moyenne et moins de 20 g/jour pour les œufs, le poisson, les abats et les volailles. Les matières grasses ajoutées étaient limitées, de 4,5 g/j en moyenne.
Au total, la contribution moyenne des apports en lipides, protéines et glucides était respectivement de 35,8 %, 16,4 % et 47,8 %, dont seulement 22 % en glucides complexes et en fibres.
Chez la quasi-totalité des femmes, les apports en acides gras essentiels étaient inférieurs aux apports nutritionnels conseillés, tout comme ceux en calcium, iode et zinc, en vitamines A, C, D, E et du groupe B (exception faite de la vitamine B3). Notamment, le manque d’oméga 3, essentiels au développement neurologique des nourrissons, interpelle. Ses conséquences sur la composition du lait maternel n’ont toutefois pas été analysées. Et de façon plus globale, l’insuffisance d’apport en de nombreux nutriments pose question pour les années futures, alors que l’on assiste dans la population à une baisse régulière de la consommation de viande rouge et à une augmentation de celle d’aliments à haute valeur énergétique.
(1) Hébel P et al. Consommation alimentaire et apports nutritionnels chez les femmes allaitantes, en France. Cahiers de nutrition et de diététique (2018), https://doi.org/10.1016/j.cnd.2018.02.001
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