Plusieurs types de modélisations ont été rapportés au congrès mais leur extrême complexité ne nous permet pas d’en retenir les principaux messages. C’est pourquoi beaucoup de travaux limitent l’évaluation économique aux coûts des seules hypoglycémies sévères, et surtout aux séjours hospitaliers (lire encadré).
Aux États-Unis, en 2009, sur 33 millions de séjours hospitaliers, 7 concernaient des diabétiques, dont 250 000 pour hypoglycémies chez des DT2. Il en résultait 2 millions de journées d’hospitalisation, plus de 9 000 décès et un coût estimé de 12 milliards de dollars. Il faut préciser que le coût moyen de chaque séjour hospitalier aux États-Unis était estimé à 50 000 dollars.
En Italie, Franciosi et al., en extrapolant à l’ensemble du pays des données régionales, ont estimé à 15 000 le nombre d’hypoglycémies sévères par an, et à 45 millions d’euros le coût hospitalier uniquement direct.
En Grande-Bretagne, une étude rétrospective régionale (2009-2010) a considéré que, chaque année, 1 % des diabétiques étaient victimes d’hypoglycémies sévères relevant d’une aide médicale, 35 % conduisant aux urgences. En ne considérant que les frais d’appels des services mobiles et les brefs séjours aux urgences, le coût direct était estimé à 20 millions d’euros. Dans ce pays toujours, une étude communiquée au congrès, ne portant que sur les hospitalisations pour hypoglycémies chez les DT2, les estimaient à 11 000 par an, soit plus de 25 millions d’euros (7).
Une autre étude comparant plusieurs pays européens retrouve de fortes disparités et des coûts beaucoup plus faibles en Grande Bretagne ou en Espagne qu’en Allemagne.
En France, Torreton et al. estimaient, sur la base des données PMSI de 2012, à environ 36 000 les séjours hospitaliers avec codage hypoglycémie sévère, dont 60 % avaient plus de 60 ans, et un coût annuel de 112 millions d’euros. Dans notre propre étude nous avions, par extrapolation, évalué à 25 000 les hospitalisations et à 125 millions d’euros ces seuls coûts directs pour les seuls DT2. Quant à l’étude HYPO 15, elle estimait à 16 500 le nombre d’hypoglycémies sévères/an en France et 41 millions d’euros/an les coûts directs. Pour cette étude, seuls 50 % des épisodes conduisent à une hospitalisation (plus quand les sulfamides ou glinides sont impliqués). En somme, les coûts directs des hypoglycémies sévères sont indéniablement difficiles à estimer, souvent limités aux hospitalisations, et largement sous estimés, y compris par le PMSI en France. Mais on peut affirmer, sur la base d’études robustes, qu’ils représentent 2 à 5 % des dépenses de santé liées aux diabètes.
Peu de données indirectes
Quant aux coûts indirects, y compris des hypoglycémies peu sévères mais invalidantes pour l’activité professionnelle, ils restent largement ignorés. En Suède, le coût des hypoglycémies modérées a été considéré plus important que celui des formes sévères.
Une étude portant sur les effets des hypoglycémies non sévères sur la vie professionnelle et le recours aux professionnels de santé, a comparé les États-Unis, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France (8). Les Français ont 2 à 3 fois plus recours à l’arrêt de travail et aux soignants que les patients des autres pays.
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