DE NOTRE CORRESPONDANT
LA DISPONIBILITÉ réduite en organes de donneurs, l’épuisement des fonctions régulatrices du greffon pancréatique dans le temps et les contraintes d’une immunosuppression chronique (et ses complications) limitent l’utilisation thérapeutique de la transplantation d’îlots à une petite fraction des patients diabétiques qui pourraient en bénéficier. Les besoins élevés en oxygène des îlots contribuent à une perte importante des greffons par hypovascularisation. L’encapsulation de ces derniers dans une membrane semi-perméable constitue une réponse séduisante à ces difficultés.
Parfaite oxygénation.
L’équipe internationale de Uriel Barkai (Israël, Allemagne, États-Unis, Pays-Bas) a mis au point une stratégie originale. Les îlots à greffer sont inclus dans une macrochambre bioartificielle qui assure leur parfaite oxygénation (une fois transplantés) grâce à l’utilisation d’une membrane semi-perméable, qui retient les îlots mais laisse entrer l’oxygène. Par ailleurs, dans le but d’optimiser la fonction glyco-régulatrice des greffons, ceux-ci sont pré-traités par un analogue de la GHRH (Growth Hormone Releasing Hormone), JI-36.
Ce dispositif, contenant 2 400 équivalents îlots, a été implanté en sous-cutané à des rats diabétiques « streptozotocine » (STZ). La glycémie des rongeurs a pu être normalisée jusqu’à trois mois après le traitement. Dès que le dispositif était retiré, les rats redevenaient diabétiques. Un test de tolérance au glucose intraveineux (ivGTT), conduit trois semaines après la greffe des îlots encapsulés et prétraités, met en évidence une normalisation progressive des taux de glucose sanguin chez les animaux traités par rapport au groupe non traité.
Un examen histologique après explantation de la chambre d’encapsulation montre, d’une part, l’intégrité de celle-ci, et, d’autre part, l’absence de lésions inflammatoires ou de fibrose au niveau des tissus autour du dispositif. Bien au contraire, on observe une vascularisation remarquable. Les auteurs ont aussi pu déterminer que l’analogue de la GHRH JI-36 permet de réduire de moitié le nombre d’îlots.
Une solution au problème de la vacularisation.
Enfin, l’examen d’îlots récupérés neuf jours après l’implantation de la chambre apportent des informations intéressantes. Les îlots pré-traités par JI-36 sont plus denses que les îlots contrôles, mais le taux de consommation d’oxygène (OCR) est également significativement supérieur par rapport aux îlots non traités (p‹0,05). La mesure des taux d’insuline libérée après stimulation glucosée (GSIR) est, elle aussi, plus élevée dans le groupe JI-36 (p‹0,05).
La stratégie d’encapsulation d’îlots pancréatiques pré-conditionnés par un analogue de la GHRH (un puissant anti-apoptotique) semble donc apporter une réponse au problème de la vascularisation insuffisante des greffons d’îlots : elle permet d’obtenir, chez le rat STZ, un contrôle glycémique prolongé. Non seulement la chambre d’implantation utilisée par les auteurs est parfaitement biocompatible, mais une hypervascularisation est objectivée à proximité du dispositif. Cette technique peu invasive semble aussi réduire le nombre d’îlots nécessaires au contrôle glycémique.
U. Barkai et coll. Improvment of islet function in a bioartificial pancreas by enhanced oxygen supply and growth hormone releasing hormone agonist. Proc Natl Acad Sci USA (2012). Publié en ligne.
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