Pompes à insuline

Des résultats à long terme

Publié le 16/04/2012
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Traitement banalisé largement répandu en France pour le diabète de type 1, l’insulinothérapie par pompe remplace avantageusement les multiples injections d’un traitement conventionnel et elle est apparue plus récemment comme une bonne alternative chez certains diabétiques de type 2.

Devant l’insuffisance des données sur l’effet à long terme de cette pratique dans la vie courante, le Groupe Pompe Sud Francilien (GPSF) a suivi pendant 5 ans tous les diabétiques traités par pompe de onze centres hospitaliers et libéraux sud-franciliens, un registre constitué entre 2005 et 2010 réunissant les données des 1 200 patients. L’analyse porte sur 690 dossiers complets avec une visite de suivi au minimum. L’âge moyen est de 40 +/-15 ans dans cette cohorte comprenant des diabétiques de type 1 et 14 % de diabétiques de type 2. À leur inclusion, 377 patients ont déjà une pompe depuis 2,8 +/- 3,0 ans (groupe 1) tandis que 313 initient le traitement à cette époque (groupe 2).

Les résultats globaux montrent une diminution moyenne de 0,8 % de l’HbA1c (de 8,8 +/- 1,8 % à 8,0 +/- 1,4 % après un suivi de 4,8 +/- 3,8 ans). La baisse atteint près de 1 % en 7 ans dans le groupe 1, dont les patients parviennent à une HbA1c de 7,9 % en moyenne. Elle est de 0,6 % dans le groupe 2, dont l’HbA1c était en moyenne de 8,6 % au départ. Soixante deux pour cent des malades sont bons répondeurs (HbA1c ‹ 7,5 % ou diminuée d’au moins1 %).

L’analyse multivariée met en évidence plusieurs facteurs associés à la qualité de la réponse. Un âge supérieur à 18 ans est lié à une bonne réponse, avec seulement 40 % de bons répondeurs chez les moins de 18 ans, contre 75 % à l’âge adulte. Une détérioration, observée chez 58 patients de la cohorte, avec une augmentation de l’HbA1c de plus de 1 %, concerne essentiellement des adolescents avec des diabètes récents. Le taux d’HbA1c est un élément à considérer dans la mesure où une valeur de départ élevée ne permet souvent pas d’atteindre 7,5 %. Néanmoins, même en absence de résultat parfait, on connaît l’importance d’une diminution de 1 %. De façon intéressante, contrairement à ce qui a pu être observé ailleurs, la diminution de l’HbA1c n’est pas liée à une fréquence accrue d’hypoglycémies, leur incidence, autour de 30 pour 100 patients années, reflétant les chiffres habituels.

L’observance est globalement satisfaisante avec un taux d’abandons assez faible, de l’ordre de 2 à 3 % par an. De façon intéressante, on observe un effet centre massif, avec une très forte observance (1,6 % d’abandons environ) dans un centre, celui de Corbeil, attribuée à son type d’organisation. Les patients y bénéficient d’un suivi régulier, y compris en ambulatoire et voire même à domicile, par une équipe de personnel paramédical spécialisé qui leur apporte un support motivationnel répété. Un traitement complexe fait partie des facteurs d’arrêt du traitement, de même qu’avoir un DT2 (nombre d’abandons multiplié par deux), tandis que l’ancienneté de la maladie favorise une bonne observance.

L’insulinothérapie par pompe en routine conduit ainsi à une amélioration moyenne de 0,8 % de l’HbA1c avec un taux ‹ 7,5 % ou un gain de 1 %, qui se maintiennent durablement après 5 ans chez deux tiers des patients. Le taux d’abandons est faible dans la durée, d’autant plus qu’il existe un personnel paramédical dédié au suivi diabétologique.

D’après la communication du Dr Guillaume Charpentier – Centre d’études et de recherche pour l’intensification du traitement du diabète (CERITD), centre hospitalier sud francilien, Corbeil-Essonnes.

 DOMINIQUE MONNIER

Source : Le Quotidien du Médecin: 9115