Jusqu'à récemment, une attention très limitée avait été accordée aux cellules ß dans l'élaboration de traitement pour le diabète de type 1. Une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue The New England Journal of Medicine, teste pour la première fois l'efficacité du baricitinib en tant que traitement potentiel pour ralentir la progression du diabète de type 1 lorsqu'il est encore au stade 2 (présence d'auto-anticorps avec altération de la fonction pancréatique, mais sans symptômes) .
Les chercheurs de l'institut de recherche médicale de l'hôpital St Vincent, à Melbourne, sont partis du principe que, lorsque la maladie est diagnostiquée à un stade très précoce, un nombre important de cellules productrices d’insuline sont encore présentes dans l'organisme du patient. En préservant ces cellules ß, la progression pourrait être ralentie.
Le baricitinib est un inhibiteur de Janus kinase (JAK1 et JAK2), déjà utilisé dans le traitement de plusieurs maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, rhumatisme psoriasique, pelade…). Il bloque une enzyme impliquée dans la transmission des signaux qui régulent le système immunitaire et l'inflammation.
Taux moyen de peptide C
Un essai de phase 2, en double aveugle, randomisé et contrôlé par placebo, a été mené pendant un an auprès de 91 patients représentatifs de la population de diabétiques de type 1 australiens, diagnostiqués au cours des 100 derniers jours. Les participants présentaient à l'inclusion au moins un anticorps anti-îlots et un taux de peptide C > 0,3 nmol/l ou > 0,2 nmol/l au cours d'un test de tolérance à un repas mixte (2 heures).
Parmi eux, 60 ont reçu du baricitinib (4 mg une fois par jour) et 31 un placebo pendant 48 jours. Le critère de jugement principal était le taux moyen de peptide C, ce biomarqueur représentatif de la quantité d'insuline produite de manière endogène.
Une augmentation de 48 % a été mesurée dans le groupe baricitinib. Ce résultat est similaire à ceux récemment obtenus avec le téplizumab (un anti-CD3 déjà autorisé aux États-Unis à partir de l'âge de 8 ans), de faibles doses de globuline antithymocytaire ou le golimumab, par exemple, qui sont considérés comme les stratégies médicamenteuses les plus efficaces. Or, contrairement à ces traitements par voie intraveineuse ou sous-cutanée, l'effet du baricitinib a été obtenu avec l'utilisation quotidienne d'un seul comprimé.
Ralentir la progression de la maladie
Lorsque le traitement est pris suffisamment tôt après le diagnostic, la prise de ce médicament semble préserver la capacité des cellules β à sécréter de l'insuline, comme l'estime le taux moyen de peptide C. Les cellules immunitaires semblent ne plus détruire les cellules productrices d’insuline. De plus, les patients ont eu besoin de beaucoup moins d'insuline. Aucun effet indésirable grave n'a été attribué au baricitinib ou au placebo.
Ce médicament pourrait être un traitement sûr et efficace pour ralentir la progression du diabète de type 1 chez les personnes ayant reçu un diagnostic récent, estiment les auteurs. Néanmoins, ils notent certaines limites à cette étude : le faible nombre de participants, le fait qu'aucun n'avait moins de 10 ans et la courte durée de l'essai. D'autre part, au vu des données précliniques chez le rongeur, les chercheurs supposent « qu'une perte de la fonction des cellules β sera observée chez les participants de l’étude après l'arrêt du baricitinib ».
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