Au départ, il y avait une ambition : construire une structure inédite, centrée sur les patients, qui permettrait d’aborder toutes les problématiques de la diabétologie et de l’obésité. Porté notamment par des médecins diabétologues, le projet se concrétise et l’Institut de diabétologie et nutrition du centre (IDNC) accueille ses premiers patients en 2016, au sein de trois unités de 33 lits, soit une capacité de 99 lits (en chambre individuelle ou double). La plupart du temps, les séjours sont de trois semaines, et l’orientation est effectuée par le médecin traitant ou spécialiste. « Nous nous inscrivons en complémentarité avec les structures hospitalières, surtout les urgences, et la médecine libérale, qui est débordée par les épidémies de diabète et d’obésité, précise le Dr Saïd Bekka, endocrinologue, diabétologue et cofondateur de l’IDNC. Quelle que soit sa pathologie, notre objectif est de rendre le patient autonome : quand on est atteint d’une maladie chronique, il ne faut pas vivre contre mais vivre avec. Apprendre nécessite un peu de temps : c’est ce que nous proposons de faire ici, grâce à une ‘cure starter’ de trois semaines. Tout n’est pas totalement réglé en trois semaines mais c’est un délai plus que correct pour initier de vraies transformations : dans 90 % des cas, cela suffit, et, pour les 10 % restants, on peut allonger le séjour d’une semaine. En outre, nous proposons des formules en hospitalisation de jour (HDJ) qui peuvent venir en complément. »
Prise en charge personnalisée
Diabétologues et endocrinologues, diététiciens, éducateurs sportifs, infirmiers, assistant social, kinésithérapeute, personnel hôtelier… Une équipe pluridisciplinaire de près de 70 personnes travaille à l’IDNC pour accueillir les patients dans d’excellentes conditions. Salle d’activités physiques, piscine, cuisine pour apprendre à préparer des plats légers et néanmoins appétissants, espaces pour les ateliers thématiques, réfectoire lumineux… Le lieu a été pensé pour favoriser une prise en charge à la fois globale et personnalisée des patients, pour permettre la mise en place d’un accompagnement adapté aux besoins de chacun. « Dès leur arrivée, un bilan clinique et un diagnostic éducatif sont réalisés afin de cerner au mieux leurs besoins : activités physiques adaptées, cuisine, motivation dans la durée… En fonction de leurs demandes, on va bâtir un programme d’ateliers sur-mesure. Ici, on ne dit pas ‘nutrition tous les mercredis à 14h’. On fait de l’adaptable, du modulable », complète le Dr Bekka.
« Atteint d’obésité et de diabète de type 2, j’ai suivi des ateliers sur l’alimentation et les horaires décalés, la gestion de la frustration, la méthode pour perdre du poids de façon pérenne, etc. Parallèlement, j’ai effectué plusieurs activités physiques par jour et bénéficié d’un suivi psychologique : cette formule à la carte est idéale pour mettre les mots sur les problèmes, trouver des solutions et nous donner les clefs pour continuer une fois rentrés chez nous », explique Bruno, un patient âgé de 55 ans. Thibault, patient diabétique de type 1 tout juste vingtenaire, est d’abord venu pour se faire poser une pompe à insuline et pour apprendre à l’utiliser. Là aussi, des ateliers dédiés à ces nouveaux matériels sont proposés : « j’ai été diagnostiqué il y a un an et cela m’a dévasté. Cette pompe à insuline va vraiment faciliter mon quotidien et je repars d’ici remotivé, regonflé. On peut vivre avec le diabète. »
Immersion et cohabitation avec les autres
Grâce à cette prise en charge sur-mesure, les patients trouvent des réponses pour mieux cohabiter avec leur maladie, qu’ils soient obèses, diabétiques ou les deux. Les résultats obtenus à l’IDNC sont d’ailleurs très satisfaisants, « même s’il faut rester mesuré car il s’agit pour l’instant d’un retour sur deux ans, souligne le Dr Bekka. Cela dit, nous constatons que 60 % des patients diabétiques de type 1 ont continué à améliorer leurs chiffres glycémiques ou à les stabiliser après le séjour. Quant aux patients obèses, 70 % ont continué à perdre du poids et n’en ont pas repris. Oui, ce sont des chiffres très encourageants. » Pour expliquer ces résultats, le Dr Bekka cite « la qualité des équipes, le fait d’être 100 % tourné vers le patient et d’avoir du temps, le programme à la carte, l’immersion et la cohabitation… C’est important de pouvoir partager avec d’autres, de réaliser qu’on n’est pas seul à souffrir de cette maladie. L’émulation collective, y compris pour avoir le courage de faire sa piqûre plusieurs fois par jour, peut avoir un vrai impact. » Enfin, le caractère pluridisciplinaire de la prise en charge est fondamental : « on sait que soigner l’obésité est très compliqué et qu’il ne s’agit pas seulement de bien manger. Le travail psychologique est incontournable, de même que la pratique de l’activité physique, un vrai point fort également de notre centre ». À l’IDNC, les patients peuvent justement renouer avec l’activité physique, en étant « coachés » par des professionnels et sans être jugés. Ils font un travail sur la culpabilité, sur l’estime de soi… Beaucoup de choses positives qu’ils devront ensuite transposer dans leur réalité. D’ailleurs, pour que la transition se fasse au mieux, les repas sont pris au réfectoire et pas en chambre (comme à l’hôpital), la tenue de rigueur est celle du civil et les patients sont invités à laver leur linge dans la laverie. Après trois semaines, tout le défi est bien de poursuivre à l’extérieur ce qui a été initié au sein de l’établissement.
Exergue : Quand on est atteint d’une maladie chronique, il ne faut pas vivre contre mais vivre avec
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?