L’étude rétrospective nationale Entred a été menée pour une troisième édition en 2019, afin de décrire les caractéristiques et l’état de santé des personnes présentant ayant un diabète de type 2 (DT2) ou de type 1 (DT1) en France métropolitaine.
Un échantillon de 9 072 personnes (≥ 18 ans), traitées pharmacologiquement pour un diabète a été tiré au sort dans les bases de l’Assurance-maladie (régime général et sécurité sociale des indépendants). Elles ont été invitées à répondre à un autoquestionnaire, 3 166 (36,3 %) y ont répondu. Les données du Système national de données de santé (SNDS) ont été extraites pour l’ensemble de l’échantillon. Des estimations pondérées ont été calculées tenant compte du plan de sondage et du biais de non-participation par questionnaire.
La population étudiée porte sur 8 728 personnes. 2 714 ont été identifiées comme DT2, avec un âge moyen de 67,6 ans (+ 2 ans par rapport à Entred 2, menée en 2007), 55,3 % d’hommes (stable par rapport à 2007), avec une ancienneté médiane du diabète de 10,7 ans. Les DT1 étaient quant à eux 412, avec un âge moyen de 47 ans, 57 % étaient des hommes et 55,6 % avaient un diabète de 20 ans ou plus.
Le niveau socio-économique des personnes DT1 était plus favorable que celui des personnes DT2.
Nombreux facteurs de risque
Les facteurs de risque de complications étaient fréquents chez les personnes DT2 : surpoids/obésité (80,1 %), HTA (77,6 %), dyslipidémie traitée (63,8 %), tabagisme (13,4 %), consommation d’alcool élevée ou sévère (7 %). Mais ces facteurs de risque étaient également bien présents chez les personnes DT1, notamment le surpoids/obésité (49,9 %), la consommation d’alcool (11,3 %) et de tabac (25,3 %).
On constate une légère baisse de la fréquence des complications autodéclarées par rapport à 2007, à confirmer par des études fondées sur les informations recueillies auprès des médecins. Chez les DT2, 18,6 % déclaraient une complication coronarienne et 7,8 % un AVC (7,8 %). Ces chiffres étaient de 11,5 % et 3,3 % respectivement pour les personnes DT1. Ceux-ci autodéclaraient en revanche plus de complications microvasculaires : perte de la vue d’un œil (3,7 %), mal perforant plantaire actif ou ancien (12,9 %). Ces chiffres étaient de 3,2 % et 6,7 % respectivement parmi les personnes DT2.
Au total, ces données confirment des caractéristiques démographiques et socio-économiques très disparates entre DT1 et DT2, et certaines alertes, déjà émises dans les éditions précédentes, sont confirmées : obésité et tabagisme restent très élevés parmi les sujets avec DT2, et le sont particulièrement parmi les personnes DT1, qui conjuguent de plus une fréquence élevée de consommation d’alcool.
Alerte sur les jeunes DT1
La poursuite de l’Entred, une étude débutée de longue date, est un indicateur indispensable de suivi de la typologie et de la santé des diabétiques en France. On constate un progrès, avec une moindre prévalence de certaines complications.
Si le surpoids et l’obésité des sujets DT2 (80 %) doit nous alerter, à mon sens le constat est encore plus préoccupant auprès des jeunes DT1, également très touchés par le surpoids et l’obésité (50 %), l’alcoolisme (11 %) et le tabagisme (25 %). Une situation d’autant plus paradoxale, alors que les moyens techniques de contrôle glycémique ont fait un bond en avant spectaculaire, avec les pompes, les capteurs, et la boucle fermée. Leurs bénéfices pourront être annulés par ces facteurs majeurs de morbimortalité liée au diabète. Des actions de diverses natures devront être entreprises pour prévenir et limiter ces dérives majeures qui menacent la santé, surtout celle des jeunes DT1.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Fosse-Edorh S, Piffaretti C, Saboni L, Mandereau-Bruno L, Bénézet L, Raimond V, et al. Études Entred : un dispositif pour améliorer la connaissance de l’état de santé des personnes présentant un diabète en France – Premiers résultats de la troisième édition conduite en métropole en 2019. Bull Epidémiol Hebd. 2022;(22):383-92
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