LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN - En France, 3 millions de personnes sont concernées par les maladies rénales. Comment peut-on faire taire ces chiffres ?
Dr BRIGITTE LANTZ - Parmi ces 3 millions de personnes, certaines sont arrivées au stade d’insuffisance rénale terminale et ont besoin d’un traitement de suppléance, 37 000 sont traitées par dialyse et plus de 30 000 ont un greffon rénal. Les maladies rénales représentent 2 % du budget de l’assurance-maladie. Malheureusement, leur prévention est loin d’être satisfaisante. Si l’on détectait précocement ces maladies, on pourrait freiner pour beaucoup leur évolution, voire en guérir certaines. Le coût le plus important est généré par le traitement de suppléance rénale par dialyse.
Cela passe par une meilleure communication au sujet de ces maladies, auprès du grand public et des professionnels de santé…
Tout à fait. C’est d’ailleurs ce que fait la Fondation du rein dans les campagnes d’information. La Journée mondiale du rein est aussi l’occasion de rappeler l’importance de la prévention de ces maladies et de sensibiliser la population au don de rein. Richard Berry, le président d’honneur de la fondation et de la journée mondiale, est d’ailleurs très concerné par ce sujet, puisqu’il a lui-même donné l’un de ses reins à sa sur, Marie. Il faut savoir qu’un patient greffé coûte annuellement moins cher à l’assurance-maladie qu’un patient dialysé. Sans parler du bénéfice de la qualité de vie puisqu’un patient greffé vit quasiment normalement.
La journée mondiale du rein est consacrée cette année au diabète. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Le diabète est une cause majeure de complication rénale et d’insuffisance rénale chronique. Il y a de plus en plus de personnes diabétiques dans le monde, en raison des modes de vie qui changent, notamment en termes d’alimentation et de sédentarité. Il faut donc dépister les complications rénales du diabète précocement. C’est possible en détectant dans les urines la présence anormale de microalbumine. Des médicaments aujourd’hui existent, qui permettent de ralentir la progression de cette atteinte rénale.
À qui s’adresse le message de prévention ?
Il s’adresse avant tout aux patients, aux généralistes, qui voient beaucoup de diabétiques et de personnes hypertendues, aux diabétologues et aux cardiologues. Ce sont les deux maladies qui entraînent le plus de complications rénales et les principales causes de mise en dialyse. À l’heure actuelle, une personne sur deux de plus de 60 ans qui commence la dialyse est diabétique ou hypertendue. On voit encore trop fréquemment des patients qui sont adressés au néphrologue au stade de la dialyse. Il est beaucoup trop tard pour qu’ils soient pris en charge dans de bonnes conditions.
Quels sont les progrès à faire encore dans le domaine de la recherche ?
Il y a encore beaucoup de progrès à faire dans tous les domaines de la recherche ! En 2009, la Fondation du Rein a consacré près de 300 000 euros à des subventions pour la recherche. Nous avons entrepris une superbe collaboration de recherche dans le domaine de la thérapie génique et de la thérapie cellulaire, dans les maladies rénales. Grâce au Téléthon et à l’AFM (Association française des myopathies), qui a donné 100 000 euros, nous avons pu offrir des subventions à deux chercheurs prometteurs. Elles seront remises, en présence de la ministre de la Santé, qui ouvre le colloque de Journée mondiale du rein, organisé en collaboration avec la Société de néphrologie à l’occasion de son cinquantenaire.
Quel est le programme de cette journée ?
Le matin, l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (AVIESAN) organise une rencontre-débat à l’Académie nationale de médecine avec des associations de malades et la Fondation du rein, autour du thème de la néphropathie diabétique. L’après-midi aura lieu le colloque à la Sorbonne, consacré à la dialyse hors centre. Développer les techniques hors centre et la dialyse péritonéale permettrait de faire des économies pour l’assurance-maladie, mais aussi de rendre les patients plus autonomes.
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