« Indissociable du soin, l'éducation thérapeutique (ETP) fait partie de la vie des diabétologues, qui ont été pionniers dans cette démarche », rappelle la Dr Helen Mosnier-Pudar, membre du Comité de la 8e Journée éducation thérapeutique diabète, qui vient de se dérouler le 4 octobre dernier sur le thème de la décision médicale partagée. Qu'elle soit réalisée au cours de moments éducatifs au fil de l'eau au cours des consultations, ou dans le cadre d'un programme déclaré, autorisé et évalué par l'Agence régionale de santé, l'ETP vise à permettre au patient de développer ses compétences pour maintenir son état de santé voire l'améliorer. Elle s'adresse ainsi à tous les patients, sans être opposable.
La première étape consiste en un état des lieux, ce qui passe par un bilan éducatif partagé pour identifier avec le patient ses priorités et définir ses objectifs d'apprentissage. Le patient a ensuite accès à un parcours éducatif, fondé notamment sur des ateliers collectifs ou individuels, avant une évaluation pour apprécier l'adéquation entre ce parcours et les besoins et attentes. « L'ETP s'est structurée, les contenus sont évalués et validés ce qui donne du sens aux actions, même si les parcours ne sont en pratique sans doute pas aussi personnalisés que voulu, note la Dr Mosnier-Pudar. En France, l'ETP est surtout portée par les structures hospitalières, et bien que des actions se développent aujourd'hui en ville, par exemple dans des maisons de santé, de nombreux patients échappent à cette éducation car l'accès n'est pas toujours simple. L'arrivée d'une nouvelle génération de médecins généralistes, dont la posture éducative est plus marquée, facilite l'orientation des patients vers les structures adaptées ».
L'ETP n'est pas figée, mais évolue avec le patient et sa maladie. À chaque étape, il y a des ajustements à faire, un nouveau cycle éducatif à mettre en place afin que le patient gagne en nouvelles compétences pour répondre aux nouveaux besoins.
Dans le diabète de type 1 en particulier, la révolution apportée par les nouvelles technologies, comme la mesure en continu du glucose, modifie tant l'approche des soins que l'approche éducative. « Ces technologies sont une source d'informations qui modifient notre soin et soutiennent notre ETP, estime la Dr Mosnier-Pudar. Il faut travailler avec le patient pour qu'il s'approprie le système, comprenne son fonctionnement, apprenne à exploiter les informations et à ajuster son traitement, ce qui peut passer par des ateliers spécifiques ».
Autre évolution : les applications pour smartphone, nombreuses à voir le jour dans le diabète de type 2. « Difficile pour le diabétologue de toutes les connaître, mais il faut garder un regard critique sur les sources et la fiabilité des informations », note la Dr Mosnier-Pudar.
« L'ETP est un élément incontournable de la prise en charge du diabète et elle doit être ajustée en permanence aux différentes évolutions, du patient, de sa maladie et de l'environnement », conclut la Dr Helen Mosnier-Pudar.
Entretien avec la Dr Helen Mosnier-Pudar, hôpital Cochin, Paris.
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