« Au départ, il y avait une ambition : construire une structure inédite, centrée sur les patients, qui permettrait d’aborder toutes les problématiques de la diabétologie et de l’obésité, se souvient le Dr Saïd Bekka. Quand l’idée a émergé, le Dr Philippe Reboul, l’un de mes confrères diabétologue à Chartres, et moi-même, nous sommes lancés dans ce projet qui faisait sens puisque le but était de répondre le mieux possible aux exigences des patients et des professionnels de santé, en construisant un lieu de A à Z. » Quelques travaux plus tard, l’Institut de Diabétologie et Nutrition du Centre (IDNC) ouvre ses portes en 2016. Situé à Mainvilliers, dans le département d'Eure-et-Loir (région Centre-Val de Loire), l’IDNC a pour l’instant une capacité de 99 lits, une unité supplémentaire de 33 lits étant au programme pour 2024, « car nous aimerions accueillir davantage de patients, souligne le Dr Saïd Bekka. À l’IDNC, notre objectif est de promouvoir une prise en charge holistique des patients diabétiques et obèses pour qu’ils puissent avoir une qualité de vie agréable à l’issue de leur séjour, généralement d’une durée de trois semaines. Nous nous inscrivons en complémentarité avec les structures hospitalières, notamment les urgences, et la médecine libérale, débordée par les épidémies de diabète et d’obésité. »
Prise en charge individualisée
Des cuisines au jardin en passant par la piscine ou les salles d’activité physique et d’ateliers, le lieu a été pensé pour favoriser une prise en charge à la fois globale et personnalisée des patients. « Dès leur arrivée, un bilan clinique et un diagnostic éducatif sont réalisés afin de cerner au mieux leurs besoins : activités physiques, cuisine, motivation dans la durée… En fonction de leurs demandes, on va bâtir un programme d’ateliers sur-mesure. Ici, on fait de l’adaptable, du modulable », détaille le Dr Saïd Bekka. Grâce à cette prise en charge individualisée, les patients trouvent des réponses pour mieux cohabiter avec leur maladie, qu’ils soient obèses, diabétiques ou les deux. Les résultats obtenus à l’IDNC sont d’ailleurs très satisfaisants, « même s’il faut rester mesuré car il s’agit pour l’instant d’un retour sur deux ans, souligne-t-il. Cela dit, nous constatons que 60 % des patients diabétiques de type 1 ont continué à améliorer leurs chiffres glycémiques ou à les stabiliser après le séjour. Quant aux patients obèses, 70 % ont continué à perdre du poids et n’ont pas repris. » Pour expliquer ces résultats, le Dr Bekka cite « la qualité des équipes, le caractère pluridisciplinaire de la prise en charge, le fait d’être 100 % tournés vers le patient, le programme à la carte, la possibilité de revenir en hôpital de jour ou encore la place consacrée à l’activité physique, incontournable. En effet, nous avons une compétence reconnue en la matière. »
Défis sportifs
Il faut dire que le Dr Saïd Bekka a toujours estimé que l’activité physique est un très bon moyen de faire baisser le diabète, voire même de le prévenir, quitte à s’engager avec ses patients dans des défis sportifs un peu fous. « Le début de l’histoire remonte à 1995, lorsque l’un de mes patients, un trentenaire atteint de diabète de type 1, me dit avec tristesse qu’il ne pourra jamais courir de marathon. Je lui réponds : ‘chiche‘. » C’est le début d’une aventure qui conduira le Dr Bekka et six patients jusqu’aux États-Unis, où ils termineront tous le mythique marathon de New-York… Une très belle expérience pour cette petite équipe, qui réalisera ainsi que l’on peut vivre ses rêves, même quand on est diabétique. Dans les années qui suivent, le Dr Bekka et plusieurs patients motivés par ce type de défis enchaînent avec la traversée de la Manche à la nage, une expédition au Pôle Nord, une randonnée à cheval à travers la Mongolie… Bien sûr, il faut à chaque fois s’entraîner avec des professionnels, se préparer, s’équiper. « Le sport peut vraiment aider à se libérer de la maladie. Je rappelle toujours à mes patients que les trois pôles de la maîtrise de leur diabète sont le traitement, l’alimentation et l’activité physique. On peut même parler de ‘sport thérapie’, au même titre que les traitements. »
Si toutes les personnes accueillies à l’IDNC ne sont pas concernées par ces aventures un brin extrêmes, l’activité physique possède toutefois une place centrale au sein de l’institut, ses vertus étant désormais avérées. Parallèlement, le Dr Bekka et son équipe animent un centre de formation consacré au diabète et un living lab sur les nouveautés technologiques (derniers modèles de capteurs, pompes externes, etc.) pour favoriser la pédagogie et l’éducation thérapeutique. « Le monde de la diabétologie est en plein bouleversement, avec des avancées technologiques nombreuses, fréquentes, qui changent vraiment la vie des patients », ajoute-t-il. Et de conclure : « nous avons de plus en plus de leviers pour proposer une prise en charge complète et efficace. Il faut s’en féliciter. »
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