QUAND TOUT est rentré dans l’ordre après la grossesse, comment convaincre les femmes ayant eu un diabète gestationnel de surveiller régulièrement leurs glycémies par la suite ? Donner des chiffres forts est souvent plus parlant que de longs discours et permet d’emporter l’adhésion. On peut maintenant leur indiquer qu’elles sont 7 fois plus à risque de devenir diabétiques à l’avenir. Cet argument de poids vient d’être mis en évidence par le Dr Liane Bêlai et ses collègues à la lumière d’une métaanalyse portant sur 20 études. L’équipe londonienne a passé au peigne fin les données de plus de 675 000 femmes ayant eu un diabète gestationnel. Près de 11 000 d’entre elles ont eu ensuite un diabète de type 2 : ces femmes ont ainsi 7,43 plus de risque de devenir diabétiques (IC 95 %, 4,79-11,51). Résultat attestant de la grande qualité de l’étude, c’est l’étude la plus large, comptant plus de 659 000 femmes, qui a révélé l’intervalle de confiance le plus resserré avec un risque relatif de 12,66 (IC 95 %, 12,15-13,19).
Une surveillance prolongée.
Des analyses en sous-groupes n’ont pas relevé de différence significative en fonction de la durée de suivi, de l’origine ethnique, de l’âge maternel, de l’indice de masse corporelle pendant la grossesse et le post-partum, et les critères diagnostiques retenus pour les diabètes gestationnels et de type 2. À noter cependant que certains critères n’ont pas été analysés et pourraient être source d’hétérogénéité. Ainsi la parité, d’ailleurs souvent utilisée comme variable d’ajustement, pourrait être un facteur de risque de diabète, qu’il soit gestationnel ou de type 2. L’hygiène de vie joue probablement un rôle, par exemple l’allaitement qui semble diminuer le risque de diabète de type 2.
Si le risque est de 4,69 dans les cinq années suivant l’accouchement, il est plus que doublé, à 9,34, au-delà de cette période. Or aujourd’hui s’il est recommandé de réévaluer la tolérance au glucose des mamans à 6 semaines post-partum, il n’existe aucun consensus sur les modalités et la durée de la surveillance au-delà. Ces données suggèrent ainsi que la surveillance devrait être prolongée et qu’il pourrait être utile de tester certaines mesures. L’alimentation, l’hygiène de vie ou un traitement médicamenteux pourraient en effet retarder voire prévenir la survenue du diabète de type 2 chez ces femmes prédisposées.
The Lancet, volume 373, 1773-1779 ; 23 mai 2009.
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