Les recommandations de la Driver Agency and Vehicle Licensing Royaume-Uni (DVLA) sur la conduite automobile des diabétiques ont récemment changé, et illustrent le constat : il existe une augmentation du risque hypoglycémique sous certains traitements chez les diabétiques de type 2 (DT2).
Une étude britannique visait à explorer la fréquence des hypoglycémies modérées (HM) et sévères (HS) chez les conducteurs ayant un DT2 et leur niveau de conscience de ce qu’il convient de faire dans ce domaine (1).
Une interview en ligne de 15 minutes a été menée chez 1 569 conducteurs ayant un DT2 au Royaume-Uni entre juin et septembre 2014. La cohorte comprenait 37 % de patients traités avec des insulinosécréteurs, sulfonylurées ou glinides (ISG), 38 % non-ISG (pas de sulfonylurées/glinides), 13 % alimentation seule et 12 % sous insuline.
Des épisodes HM et HS ont été rapportés par 62 % sur les 12 derniers mois, 48 % avec les non-ISG, 50 % avec alimentation seule, 68 % sous insuline et 78 % sous ISG. Parmi ceux sous ISGs, 60 % ont rapporté trois épisodes ou plus d’HM la dernière année et 26 % trois ou plus d’HS.
Les conducteurs occasionnels pour la vie quotidienne ont eu plus d’événements que les banlieusards qui utilisent quotidiennement leur véhicule (26 % contre 6 %) et que les conducteurs professionnels (26 % contre 3 %). Les personnes ayant les plus faibles niveaux d’autogestion du diabète ont eu trois fois ou plus d’HM (76 % versus 41 %) que les mieux formés et trois fois plus d’HS (44 % contre 7 %).
Suite à une HS, seulement 24 % de l’ISG-traitée et 39 % des conducteurs traités à l’insuline cesseraient de conduire pendant 45 minutes, en accord avec la direction DVLA.
Les conducteurs traités à l’insuline avaient été les mieux informés sur le diabète et la conduite. À l’inverse, ceux qui n’ont reçu peu d’information avaient les conduites les moins adaptées. Les prestataires de soins ont été la source d’information privilégiée sur la conduite et le diabète de 81 % des conducteurs.
Cette étude soulève une question importante, souvent ignorée et rarement investiguée. Le risque hypoglycémique est surtout abordé chez les conducteurs DT1 et parfois DT2 sous insuline. Les approches informatives et éducatives devraient systématiquement aborder cette question chez les DT2 sous sulfamides et glinides, en particulier chez les conducteurs occasionnels. Notons que cette étude n’a pas abordé la question des accidents éventuellement liés à ces épisodes hypoglycémiques. Celle-ci devrait au minimum être abordée en consultation et dans les sessions éducatives, dans l’intérêt des patients et de la population. Ce thème est souvent absent des sessions d’ETP concernant le DT2 sous ISGs. Le diabète n’est bien évidemment pas un risque élevé comparé à bien d’autres causes que nul n’ignore, combien plus fréquentes ! Mais ce sujet ne devrait pas être ignoré. Il devrait être une des préoccupations des soignants et des associations de patients.
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