Les enfants obèses ont un risque quadruplé de diabète de type 2 à l'âge adulte par rapport aux enfants ayant un indice de masse corporelle (IMC) normal, souligne une étude publiée dans le « Journal of the Endocrine Society ».
Selon cette étude, le taux de diabète de type 2 est passé de 6 nouveaux cas/100 000 enfants/par an entre 1994 et 1998 à environ 33 nouveaux cas/100 000 enfants/an entre 2009 et 2013. A contrario, aucune association entre l'obésité et l'incidence du diabète de type 1, d'origine auto-immune, n’a été retrouvée.
Potentialisation des troubles respiratoires
Par ailleurs, de nombreuses études (transversales et longitudinales) mettent en évidence une association positive entre asthme et obésité tandis que d’autres montrent qu'un gain pondéral rapide au cours des 3 premiers mois de la vie est associé à la survenue ultérieure d'un asthme et d'une hyperréactivité bronchique. L'obésité chez l'enfant est également responsable de troubles respiratoires liés à l’excès de masse grasse qui, par un phénomène mécanique de compression, entraîne une réduction de la capacité fonctionnelle résiduelle, qui se traduit par une hypoxémie modérée. Cet effet délétère est plus marqué durant le sommeil, du fait de la position allongée : au moins 30 % des enfants obèses présentent des troubles respiratoires du sommeil provoqués par ce phénomène, mais également du fait de l'hypertrophie adénoïdienne, de malocclusions dentaires ou de l'adiposité viscérale. La recherche systématiquement des facteurs de risque de troubles respiratoires obstructifs du sommeil chez ces enfants est d’autant plus nécessaire que les effets délétères de l'obésité et des troubles respiratoires du sommeil se potentialisent.
Moins de diabète et d'HTA
Depuis les nouvelles recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) de 2016, la chirurgie bariatrique est possible, dès l'âge de 15 ans, chez les adolescents ayant une obésité sévère. Deux études, l'une américaine (FABS-5+), l'autre suédoise (AMOS), publiées conjointement dans « The Lancet Diabetes and Endocrinology », sont venus conforter ces recommandations : le bypass gastrique (qui consiste à court-circuiter une grande partie de l'estomac et de l'intestin) permet d’obtenir une perte de poids importante et durable à plus de 5 ans chez les adolescents. Les risques de complications, notamment le diabète de type 2, l’hypertension artérielle et l’hypercholestérolémie, sont également réduits grâce l’intervention.
Centres spécialisés
Pour autant, la chirurgie de l'obésité n'est pas sans risques. « Statistiquement, le risque de décès est de 1/200 », précise le Pr Patrick Tounian, chef de service de nutrition pédiatrique à l'hôpital Trousseau à l'AP-HP. De fréquentes carences nutritionnelles ont également été rapportées dans les deux études et des réinterventions abdominales ont été nécessaires dans environ 25 % des cas pour l’étude suédoise. « La chirurgie bariatrique n'est pas un acte anodin et doit être réservée à des centres spécialisés », estime le spécialiste parisien, qui considère également qu’un suivi à long terme des patients est nécessaire. « Nous avons observé quelques cas d'échappement à plus long terme, déplore-t-il. Cela prendra peut-être plusieurs décennies, mais l'avenir sera au traitement pharmacologique avec la compréhension des mécanismes de l'obésité. »
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