Quel est l’impact de la prescription récente d’analogues de GLP-1 (liraglutide, sémaglutide) sur la chirurgie bariatrique ? Une équipe américaine donne un instantané des tendances sur la période 2022-2023 : le taux de chirurgie bariatrique a diminué d’un quart (25,6 %) quand les prescriptions de liraglutide et de sémaglutide ont doublé. Cette lettre de recherche est publiée dans le Jama Network Open.
Ce serait la première étude aux États-Unis sur le phénomène. « Des réseaux de santé ont fermé des programmes de chirurgie bariatrique en raison d’une baisse de la demande, écrivent les trois auteurs. Mais les données sur l’association entre prescription augmentée d’analogues de GLP-1 et recours à la chirurgie bariatrique ne sont pas disponibles ».
Pour ce travail, l’équipe menée par le Dr Thomas Tsai, chirurgien au Brigham and Women’s Hospital à Boston, a analysé les données de 17 millions de patients avec une couverture de santé privée ou publique (Medicare Advantage) à partir du OptumLabs Data Warehouse.
Seuls les patients obèses mais non diabétiques ont été inclus, soit 1 633 439 patients. Près de 95 % (n=1 547 174) n’avaient reçu aucun traitement, 5,0 % (n=81 092) une prescription d’analogues de GLP-1 (a-GLP-1) et 0,3 % (n=5 173) une chirurgie bariatrique. Un total de 205 patients ayant à la fois reçu des a-GLP-1 et ayant été opérés a été exclu de l’analyse. Les patients opérés présentaient un profil médicalement plus complexe avec au moins quatre comorbidités chez 18,8 % d’entre eux par rapport à 8,2 % dans le groupe a-GLP-1 et 11,1 % dans le groupe aucun traitement.
Une majorité de personnes obèses sans traitement
Les auteurs ont retrouvé une augmentation de 132,6 % des prescriptions d’a-GLP-1 entre les six derniers mois de 2022 et les six derniers de 2023 (1,89 versus 4,41 patients pour 1 000 patients). À l’inverse, il y a eu une diminution de 25,6 % des patients ayant une chirurgie métabolique (0,22 versus 0,16 patients pour 1 000 habitants).
Même si cette étude est limitée par son effectif et que les chiffres doivent être vérifiés à plus large échelle, elle a le mérite de soulever la question de savoir si la chirurgie est réellement menacée. « Il reste un large marché pour le traitement de l’obésité avec moins de 6 % des patients obèses ayant eu des a-GLP-1 ou de la chirurgie », écrivent les auteurs, pointant le sujet épineux de la poursuite à long terme des a-GLP-1, compte tenu des effets indésirables gastro-intestinaux et du coût, au risque d’une reprise pondérale à l’arrêt.
Le questionnement est partagé aux États-Unis, comme en témoigne une étude médico-économique présentée le 18 octobre, au congrès de l’American College of Surgeons à San Francisco par le Dr Joseph Sanchez, chirurgien au Northwestern Medicine (Chicago) et premier auteur. Selon cette analyse qui ne rassurera qu’à moitié le secteur, la chirurgie est plus coût-efficace que les a-GLP-1 seuls sur toute une vie (jusqu’à 50 ans) tant que le prix des médicaments aux États-Unis ne baissera pas de 75 %. Autre résultat : la combinaison des deux stratégies serait plus performante que la chirurgie seule. La chirurgie bariatrique ne semble pas avoir encore dit son dernier mot.
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