COMMENT s’y retrouver parmi la pléthore de régimes amaigrissants vantés par des nutritionnistes plus médiatiques les uns que les autres ? Écoutez d’abord votre bon sens, conseille une étude publiée dans le très sérieux New England Journal of Medicine. Première règle dans un régime, c’est que pour maigrir il faut manger moins… ou autrement dit diminuer les apports caloriques. Et selon l’équipe de Boston, peu importe que la diminution des ingestats concerne davantage les lipides, les protides et les glucides. L’idée selon laquelle les régimes riches en protides, pauvres en graisses ou pauvre en glucides seraient plus efficaces s’avérerait ainsi erronée. De plus, pour maintenir la perte de poids dans le temps, les nutritionnistes américains ont montré qu’il valait mieux « apprendre » à manger moins, en composant avec ses penchants naturels, plutôt que d’opter pour un régime alimentaire radicalement différent. De manière plus globale, en matière de santé, les auteurs rappellent qu’il reste conseillé d’adopter de bons comportements diététiques pour la santé cardio-vasculaire et limiter le risque de diabète et de dyslipidémies.
Un échantillon représentatif.
Les forces méthodologiques de l’étude permettent de tirer des recommandations à la fois valables en consultation médicale pour un individu donné, mais aussi en matière de santé publique pour la population générale. L’étude a, en effet, été menée sur un échantillon large, plus de 880 sujets inclus, et représentatif de la population générale pour la situation économique, l’âge, l’origine géographique et le sexe. Les participants, qui étaient âgés de 30 à 70 ans et dont l’indice de masse corporelle était compris entre 25 et 40, étaient randomisés en quatre groupes. Si chaque participant devait baisser sa consommation calorique de base de 750 kcal par jour, le pourcentage calorique attribué aux lipides, protides et glucides était différent selon le régime suivi. Pour le premier, la répartition était respectivement 20,15 et 65 %, pour le second 20, 25 et 55 %, pour le troisième 40,15 et 45 % et enfin pour le quatrième 40, 25 et 35 %. Par ailleurs, chaque régime respectait les recommandations pour la santé cardio-vasculaire.
Une forte motivation.
Fait très intéressant, il est ainsi apparu à 2 ans que la perte de poids était identique (p < 0,20) que le régime soit pauvre ou riche en protides (respectivement 3,0 et 3,6 kg), en lipides (3,3 kg dans chaque groupe), ou en glucides (respectivement 2,9 et 3,4 kg). La perte de poids à la fin de l’essai était en moyenne de 4 kg, ce qui correspondait à une perte d’au moins 10 % du poids initial. Les participants, qui avaient, en moyenne, perdu 6 kg à 6 mois, commençaient à reprendre du poids vers 1 an. Il n’a pas été noté non plus de différence pour ce qui est des sensations de satiété et de faim. Alors que l’assiduité aux séances de groupe était identique pour chaque groupe, il n’en reste pas moins qu’une forte motivation était associée à une perte de poids plus importante.
Ces résultats contredisent les publications passées sur la prétendue plus grande efficacité des régimes pauvres en glucides et riches en protides, ou encore de ceux riches en graisses insaturées. La pseudo-efficacité d’un régime inédit pourrait s’expliquer par des arguments autres que biologiques, par exemple la médiatisation ou l’engouement pour un discours scientifique séduisant. L’étude met bien l’accent sur le fait qu’en définitive ce sont surtout la motivation et la ténacité qui déterminent le succès d’une diète. Pour pérenniser la perte de poids à long terme, il semble judicieux d’adapter l’alimentation à chaque individu selon ses penchants alimentaires, personnels et culturels.
New England Journal of Médecine, 26 février 2009.
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