La metformine serait efficace pour lutter contre la progéria. C'est ce qu'avancent des chercheurs français dans la revue « npj Aging and Mechanisms of Disease ».
La progéria, ou syndrome de Hutchinson-Gilford, est une maladie génétique rare qui induit un vieillissement prématuré et accéléré. Les enfants atteints vieillissent de plus de dix ans en une année, ce qui conduit à leur décès prématuré entre 13 et 16 ans.
Au niveau pathophysiologique, la progéria est provoquée par une mutation du gène LMNA, qui code les lamines A et C – des protéines de structure de la membrane nucléaire. Cette mutation induit la production d'une forme anormale et toxique de lamine A, la progérine. L'accumulation de progérine provoque des troubles de croissance, une lipodystrophie, des anormalités de la peau et des os et des altérations cardiovasculaires.
« Aujourd'hui, les deux types de médicaments disponibles visent soit à détruire la progérine, soit à en bloquer la toxicité, mais aucun n'a d'effet sur sa production », a expliqué au « Quotidien » le Dr Nissan du Laboratoire I-stem, qui a mené cette étude en collaboration avec l'équipe du Pr Nicolas Lévy (université Aix-Marseille, INSERM UMR_S910, faculté de médecine de Marseille).
Dans ces nouveaux travaux, l'équipe démontre que la metformine est capable de diminuer la production anormale de progérine.
La production de progérine réduite de 50 %
L'équipe était à la recherche d'une molécule capable de modifier l'équilibre entre les différentes protéines produites par LMNA. Cet équilibre est sous contrôle d'une protéine de liaison à l'ARN, nommée SRSF1. Elle a émis l'hypothèse qu'inhiber SRSF1 aurait un effet bénéfique sur les cellules de patients atteints de progéria.
En 2012, suite au criblage de plusieurs centaines de molécules, une étude avait déjà montré l'effet de la metformine sur l'expression de plusieurs gènes, dont LMNA.
Pour ces nouveaux travaux, financés par l'AFM-Téléthon, ils ont évalué l'effet d'un traitement à la metformine sur des cellules de patients atteint de progéria en culture. Résultat : ils ont effectivement observé une inhibition de SRSF1, et une diminution de presque 50 % du contenu cellulaire en progérine.
Amélioration des principales caractéristiques de la maladie
L'effet de la metformine sur la progérine s'est traduit, d'un point de vue phénotypique, par une amélioration des principales caractéristiques de cette maladie, notamment la déformation des noyaux des cellules « In vitro, une des principales conséquences de la présence de progérine est la déformation des noyaux de cellules. Nos travaux montrent que la metformine ramène à la normale ce défaut caractéristique du vieillissement », a indiqué le Dr Nissan.
Cette découverte ouvre la voie à une nouvelle approche thérapeutique qui pourra être testée chez l'animal et chez l'homme, seule ou en association avec d'autres molécules.
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