La restriction calorique intermittente (RCI) est très souvent à la une de la presse généraliste de même que sur internet, où des recommandations diététiques fleurissent. Le jeûne intermittent, c'est-à-dire les périodes d'abstinence volontaire d'aliments et de boissons, est une pratique très ancienne suivie sous diverses formes par des populations partout dans le monde. En 2013, un best-seller aux États-Unis intitulé « The Fast-Diet » a vanté les avantages de la réduction sévère des apports énergétiques deux jours par semaine, suivis d'une alimentation normale le reste de la semaine.
On attribue en effet à la RCI de nombreuses vertus d’où cet engouement pour les régimes de jeûne intermittent, pratiqués bien souvent de façon anarchique sans qu’aucune méthode soit validée.
Cependant en moins de 5 années plus de 800 contributions scientifiques ont été publiées dans le Medline. La RCI protégerait du risque de développer des pathologies cardiométaboliques et des cancers. Mais préviendrait-elle des complications de microangiopathie chez les diabétiques ?
eUne modification du microbiote ?
Dans cette étude (1), les auteurs ont montré sur des souris diabétiques db/db que la RCI s’accompagne d’une meilleure survie et d’une réduction du développement de la rétinopathie diabétique (RD), malgré l’absence de changement de l’HbA1c, par rapport aux souris db/db nourries ad libitum.
Les auteurs émettent l’hypothèse que la RCI modifierait la flore intestinale, ce qui pourrait entraîner une sécrétion de facteurs protecteurs. Des analyses du microbiote ont montré que la RCI accroît la fraction des bactéries Firmicutes et diminue celle des Bacteroïdetes et Verrucomicrobia. Et la RCI a eu des effets favorables intestinaux en augmentant le mucus intestinal et la longueur des villosités.
On savait déjà qu’augmenter, dans la flore, la quantité des Firmicutes accroît la production d’acides biliaires et en effet : les souris db/db sous régime RCI avaient des taux circulants d’acides biliaires plus élevés. Or on sait qu’ils réduisent la production de TNF-α dans la rétine et par conséquent le risque de rétinopathie.
Une innocuité à préciser
Une revue générale publiée récemment (2) suggère que les régimes intermittents de jeûne peuvent être une approche prometteuse pour perdre du poids et améliorer la santé métabolique chez les personnes, s’ils peuvent tolérer en toute sécurité des intervalles de non-alimentation ou de très faible alimentation certains jours de la semaine.
S'ils s'avèrent efficaces, ces régimes alimentaires pourraient offrir des approches non pharmacologiques prometteuses pour améliorer la santé. Mais gare au risque d’acidocétose chez des diabétiques de type 1 tentés par ces pratiques ! De tels accidents métaboliques liés à ces régimes seraient de plus en plus rapportés en France aujourd’hui.
Professeur Émérite à l'université Grenoble-Alpes
(1) Beli E, Yan Y, Moldovan L, et al. Restructuring of the gut microbiome by intermittent fasting prevents retinopathy and prolongs survival in db/db mice. Diabetes 2018;67:1867-79
(2) Patterson RE, Sears DD. Metabolic Effects of Intermittent Fasting. Annu Rev Nutr. 2017 Aug 21;37:371-93
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