L’insuline, découverte en 1922, a bénéficié de très nombreuses modifications visant à de meilleurs résultats glycémiques et une meilleure qualité de vie des patients. D’abord d’origine animale (bœuf ou porc), essentiellement rapide, elle a bénéficié de processus de purifications pour obtenir des formulations plus pures, puis des ajouts de substances pour en prolonger la durée d’action comme les lentes protamine-zinc ou la NPH. C’est dans les années 1980 que l’insuline humaine a été produite par génie génétique. Par la suite, ont été opérées des modifications de structure afin d’obtenir des insulines ultrarapides (Lispro, aspart, ou glulisine). Dans le même temps il convenait de mettre au point une lente ayant de meilleures qualités que la NPH, plus longue (visant à agir 24 heures), plus plates, avec moins de variabilité, permettant notamment de réaliser un authentique basal-bolus pour les patients ayant un diabète de type 1 (DT1). L’insuline glargine a représenté un indéniable tournant dans cette aventure. Voilà plus de 10 ans qu’elle a représenté, pour les patients surtout ayant un DT1, une avancée significative, incontestable, sauf pour quelques opposants farouches et pour nos tutelles ; mais là, essentiellement en raison de son coût et d’une balance bénéfice coût jugée par eux insuffisante.
Un tournant pas encore dépassé
Quelles avancées ? D’abord une durée d’action de 24 heures – sauf chez un certain nombre de DT1 – obtenue grâce à de meilleures pharmacocinétiques et pharmacodynamie. Un profil aussi beaucoup plus plat que celui des anciennes lentes, avec une moindre variabilité intra et interjournalière, une meilleure prédictibilité de ses effets, permettant une véritable titration sur la glycémie à jeun (concept « treat to target »). Cela s’accompagnant de plus de flexibilité horaire, moins d’hypoglycémies surtout nocturnes. Le tout avec une tolérance locale satisfaisante et une sécurité cardiovasculaire et carcinologique démontrée par l’étude Origin.
Son succès mondial, là où elle était disponible et accessible, ne s’est jamais démenti, sans véritable concurrence depuis. On peut d’ailleurs remarquer que même de grands groupes très spécialisés dans le domaine de l’insuline ont choisi d’en produire le biosimilaire (Basaglar/Abasaglar, lire aussi La nouvelle concentratio 300 U/mL).
Professeur émérite, université Grenoble Alpes
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