Les inhibiteurs du cotransporteur sodium-glucose-2 (iSGLT2) ont été introduits sur le marché français en avril 2020 pour traiter le diabète de type 2 (DT2) et, plus tard, dans d’autres indications, les maladies cardiaques et rénales. Compte tenu des évolutions récentes dans le traitement du diabète, et de l’élargissement de ces indications, il était important d’étudier l’évolution de l’utilisation de ces médicaments hypoglycémiants en France et de caractériser les nouveaux utilisateurs des iSGLT2.
Une étude fondée sur la base de données de l’Assurance-maladie française, le système national des données de santé (SNDS), a précisé l’incidence et la prévalence de la consommation de médicaments hypoglycémiants en 2019 et en 2021 (1). Un travail a ensuite été mené sur une cohorte d’utilisateurs incidents de iSGLT2, afin de décrire les caractéristiques des patients et la stratégie de traitement du diabète.
Les plus prescrits après la metformine
Résultats, la prévalence de l’utilisation des iSGLT2 a progressivement atteint 0,1 % au troisième trimestre 2021 et a augmenté de manière plus significative, jusqu’à 0,2 %, par la suite. Les iSGLT2 sont ainsi devenus, au 4e trimestre 2021, la deuxième classe d’hypoglycémiants la plus prescrite, après la metformine (0,1 %) devant les iDPP4 et les arGLP1.
Dans la cohorte des 125 387 nouveaux utilisateurs du iSGLT2 (âge moyen 65,0 ans, 60,1 % d’hommes), 87,6 % présentaient une comorbidité diabétique. Le profil des patients a évolué au cours de la période d’étude, avec une proportion croissante de patients présentant des comorbidités cardiovasculaires (28,7 % en 2020, 40,2 % en 2021) ou rénales (7,7 % en 2020, 11,8 % en 2021). Les principales associations utilisées à l’apparition des iSGLT2 étaient avec la metformine (12,5 %), éventuellement associée aux inhibiteurs de DPP4 (8,1 %).
Enfin, la probabilité de persistance du iSGLT2 sur un an a été estimée à 55 %. Dans le contexte de l’élargissement des indications de ces molécules et de leur population cible, l’évaluation des motifs d’arrêt et la révision de leur profil de tolérance restent donc cruciales.
Toujours des questions sur la persistance
Cette étude mériterait longue analyse et débat. Premier constat : le succès de cette classe d’antidiabétiques oraux et de son association, le plus souvent judicieuse, avec la metformine puis les inhibiteurs de la DPP4. Mais aussi l’existence de certaines associations moins pertinentes ou hors remboursement, ce qui est plutôt compréhensible.
Les iSGLT2 deviennent la seconde classe la plus prescrite dans le DT2 et ce, le plus souvent, sans abandonner les traitements antidiabétiques antérieurement utilisés.
Les indications ciblent de plus en plus le risque CV, l’insuffisance cardiaque et les maladies rénales. Les messages des grandes études et recommandations semblent donc bien passer. De même l’usage sur ces indications hors diabète est en progression.
Revenons sur la persistance, autour de 55 % à un an, comme dans beaucoup d’études. 10 % des prescriptions ne sont pas renouvelées et ce, dès la fin du premier mois. Cela peut trouver plusieurs explications, dont le risque infections génito-urinaires, du fait d’une prédominance féminine dans ce groupe.
Rappelons que pour bénéficier des bénéfices cardiovasculaires attendus des iSGLT2, il conviendrait de maintenir près de quatre ans le traitement... À méditer, donc. Mais ne boudons pas après une si longue attente : sept à dix ans après les autres pays, les médecins français ont trouvé avec les iSGLT2 un profil d’utilisation plutôt pertinent, qui fait le succès indéniable de cette classe.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) de Germay S, Pambrun E, Pariente A, Grenet G, Bezin J, Faillie JL. Use of sodium-glucose cotransporter-2 inhibitors in France: Analysis of Frenchnationwide health insurance database. Diabetes Obes Metab. 2024 May;26(5):1678-86
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