« Dans certaines familles, notamment celles à faible niveau éducatif, la télévision est très souvent omniprésente ; elle parasite la vie familiale. Ce qui est fortement délétère pour le développement des enfants », rappelle la Dr Marie-Laure Frelut, pédiatre nutritionniste à Albi, membre du Groupe européen d’étude de l’obésité infantile (ECOG, www.ecog-obesity.eu). Le petit écran est, en effet, plus toxique pour l'enfant -dont le cerveau est en pleine formation- que pour l'adulte. « Plus l'enfant est exposé tôt à la télévision, plus cette dernière influencera la manière dont il appréhendera son environnement », précise le Dr Frelut. Plus qu'un « lavage de cerveau », certaines activités sur écrans peuvent être à l'origine de pathologies. C'est le cas, notamment, des jeux vidéo. Une étude (1) a, par exemple, démontré que plus les enfants jouent aux jeux vidéo, plus ils risquent de développer des troubles de l'attention, notamment lorsqu'ils sont très jeunes et de sexe masculin.
Le web, plus dangereux que la télé
Des travaux (2) menés aux États-Unis en 2012 ont, quant à eux, mis en évidence l'accélération du rythme d'utilisation des nouveaux médias, évaluée sur le temps mis pour pénétrer 50 millions de foyers : si la radio a mis, en moyenne, 38 ans pour entrer dans la vie des Américains, la télévision a mis 13 ans ; le web, 4 ans pour intégrer le quotidien des familles ; l'I Pad, 2 ans et Google, seulement 90 jours. Les différents médias peuvent être plus ou moins nuisibles au développement des apprentissages et de l'esprit critique de l'enfant. « Comparée au web, la télévision reste un média relativement protégé : il existe encore un contrôle des parents et le nombre d'émissions est limité. Contrairement à certains sites Internet, on ne peut pas rencontrer les personnes que l'on voit à la télévision et l'on ne peut acheter immédiatement un produit proposé dans une publicité télévisée », note la Dr Frelut.
Sur les sites Internet, les programmes et informations évoluent tellement vite qu'il peut être difficile, pour les parents, de les contrôler en permanence. « Par ailleurs, certains sites montés par les marques préférées des enfants incitent ces derniers à devenir de véritables agents marketing. Pour gagner un jeu/concours, l'enfant doit, par exemple, entrer un maximum d'adresses e-mail (de ses amis). Ce qui permet à la marque en question d'augmenter son fichier client de capturer un maximum d'enfants dans son univers », note la Dr Frelut.
La publicité, davantage nuisible pour les enfants obèses
Néanmoins, les enfants sont plus ou moins sensibles à l'influence du marketing et de la publicité. Dans le cadre d'une étude (3) réalisée auprès d'enfants de 10/11 ans (avec l'objectif de mesurer l'effet de la publicité sur leur consommation alimentaire), des chercheurs avaient demandé aux enfants d'identifier différentes publicités de marques alimentaires. À chaque fois qu'un enfant trouvait la marque en question, il recevait, en récompense, une sucrerie (chocolat, bonbon…). « L'étude avait mis en évidence que les enfants obèses ou en surpoids reconnaissaient davantage de publicités alimentaires que les enfants minces. Par ailleurs, plus ils étaient obèses, plus ils consommaient les sucreries offertes en récompense », indique la Dr Frelut.
Enfin, dans une autre étude (4) utilisant l'IRM cérébrale, des chercheurs ont montré à des enfants obèses (ou non) des logos alimentaires et des publicités non alimentaires. Ils se sont alors rendu compte que les enfants obèses avaient des réactions plus intenses des circuits cérébraux de la récompense face aux logos alimentaires. Alors que les enfants minces activaient davantage les circuits de « self-control ». « Une fois que le surpoids apparaît, l'enfant devient plus vulnérable que les autres face aux publicités alimentaires. Les médias peuvent donc fragiliser l'enfant de façon très précoce », conclut la Dr Frelut.
(1) Swing et al. Pediatrics 2010.
(2) Giedd et al. 2012.
(3) Halford J. 2004.
(4) Bruce AS. 2014.
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