Les programmes d’éducation thérapeutique sont à l’évidence efficaces, mais l’accès à cet outil, inégal en raison des conditions géographiques pour certains, économiques pour d’autres. Une minorité donc en profite.
« L’accompagnement à distance, l’e-coaching, pourrait être la solution », suggère le Dr Hansel. Un grand nombre de méthodes d’accompagnement, pour manger mieux, bouger davantage, sont d’ailleurs proposées ; aucune toutefois n’a été évaluée scientifiquement. Les premiers résultats de l’étude clinique ANODE (Accompagnement nutritionnel de l’obésité et du diabète par e-coaching) ont été présentés lors des Journées européennes de la Société française de cardiologie en janvier.
L’essai, randomisé (groupe intervention versus groupe témoin, qui avait, au décours de l’étude, accès au programme), était conduit sur 4 mois et 120 patients. Il testait un programme entièrement automatisé d’accompagnement alimentaire et d’optimisation de l’activité physique, sur la base du Programme national nutrition santé (PNNS) et, pour l’activité physique, des recommandations de l’OMS. L’efficacité du programme était confirmée sur un critère principal, le score diététique, témoin de l’amélioration des habitudes nutritionnelles, ici augmenté de 5 points. Elle l’était aussi sur la réduction du poids et du tour de taille (critères secondaires), respectivement de 2 kg et 2 cm, une réduction modeste mais suffisante pour diminuer de 0,4 % l’hémoglobine glyquée.
Données en cours d'analyse
Les données d’activité physique, VO2 max en particulier, sont en cours d’analyse. La publication de l’étude est annoncée pour le deuxième semestre 2016. Le programme alimentaire d’e-coaching testé comporte trois volets : un, l’enquête alimentaire, de saisie (facile !, parce qu’ergonomique) des apports alimentaires, un outil éducatif en soi dans la mesure où les patients prennent conscience de ce qu’ils mangent. Est ensuite renseigné le bilan alimentaire, sur plusieurs jours, quantitativement et qualitativement. Les commentaires sont assortis de conseils pour améliorer son score diététique et se rapprocher des normes nutritionnelles. Enfin, l’outil génère des menus paramétrables, c’est-à-dire adaptés aux goûts des internautes. Au chapitre « activité physique », un podomètre qui entretient la motivation, confortée par des objectifs progressivement croissants, et un générateur de plans d’activité physique, avec des propositions évolutives là encore. Des vidéos, de démonstration du bon usage médical (pour la santé) de l’activité physique, complètent le dispositif.
L’activité physique est prescrite, à l’image de ce qui se fait pour un médicament, avec des indications sur la durée, la fréquence, l’intensité et le type d’activité pour que celle-ci soit à la fois efficace et sûre. « Nous souhaitons continuer le développement du programme et son évaluation, en y ajoutant de l’interface mobile, pour des échanges plus fréquents et plus courts, in fine des bénéfices plus rapides, gages d’observance. Un contact humain est également nécessaire pour optimiser l’utilisation du système et donner l’envie de poursuivre l’e-coaching », constate le Dr Hansel. Cette deuxième phase expérimentale*, avec un outil perfectionné, doit faire l’objet d’un essai clinique (s’il peut être financé !), ainsi que l’identification des facteurs prédictifs d’adhésion à un tel programme.
* nutrition-bichat.aphp.fr
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