L’âge d’apparition du diabète de type 2 (DT2) diminue de plus en plus, et la prévalence de ses diabètes précoces (young ounset diabetes [YOD]) s’accroit sans cesse. Ce qui apparaît comme un défi médical majeur, puisqu’ils sont à fort risque de complications (60 % de microangiopathies à l’âge adulte, soit plus que les jeunes diabétiques de type 1 [DT1]). Et plusieurs études ont rapporté un risque accru de complications cardiovasculaires (CV) — toutes maladies CV, AVC, mortalité par cardiopathie — chez les YOD, que ça soit par rapport aux DT2 d’apparition tardive (late onset diabetes [LOD]) ou aux DT1.
La plus longue durée du diabète des YOD a été suggérée comme représentant le principal mécanisme sous-jacent. Mais la détérioration des cellules bêta au fil du temps semble être plus rapide chez les YOD, suggérant phénotype plus agressif.
Un phénotype plus agressif
Ce travail coréen visait à objectiver l’effet de l’apparition précoce d’un DT2 (avant 40 ans), par rapport à sa mise en place plus tardive, sur la prévalence des complications : rétinopathie diabétique, neuropathie, insuffisance rénale chronique (IRC), plaques carotidiennes (1).
1 791 YOD (33,8 ± 4,9 ans) et 8 856 LOD (53,3 ± 8,6 ans) ont été analysés. Les possibles DT1 ont été exclus par les taux de peptide-C bas.
Les YOD avaient bien une prévalence supérieure de complications par rapport aux LOD (p < 0,011 après ajustements). Un ajustement en fonction de la durée du diabète a considérablement atténué ces différences, mais la neuropathie est restée significativement plus fréquente chez les personnes atteintes de YOD (OR = 1,39, IC95 [1,13−1,71], p = 002). Dans l’analyse par grappes de 2 126 participants, une carence plus sévère en insuline a été notée sur deux ans chez les jeunes YOD, vs. les plus âgés LOD : 47 vs 23 %.
Un fardeau de santé publique
Attention danger : le DT2 apparaît de plus en plus précocement, avant l’âge de 40 ans partout dans le monde, et dès l’adolescence là l’obésité de l’enfant sévit particulièrement (États-Unis bien sûr). Cela va constituer un enjeu majeur pour la santé publique, car si le DT2, qui touche déjà plus de 500 millions d’individus dans le monde, avec des complications dramatiques sur tous les organes, apparaît désormais beaucoup plus tôt, on peut craindre plus encore de complications invalidantes dès avant l’âge de 30 à 40 ans et de décès précoces.
Cette étude en attribue la cause à l’ancienneté du diabète, mais on note aussi un recours plus fréquent et plus rapide à l’insuline, des thérapeutiques plus lourdes et, semble-t-il, un risque intrinsèque rétinien et cardiovasculaire plus élevé, à ancienneté égale pour d’autres études récentes dont Search (2, 3). Donc des conséquences humaines, sociétales et économiques considérables.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Cho Y, Park HS, Huh BW, Seo SH, Seo DH, Ahn SH, Hong S, Suh YJ, Kim SH. Prevalence and risk of diabetic complications in young-onset versus late-onset type 2 diabetes mellitus. Diabetes Metab. 2022 Nov;48(6):101389. doi :10.1016/j.diabet.2022.101389
(2) Today Study Group. Long-term complications in youth-onset type 2 diabetes. N Engl J Med 2021;385:416-26
(3) Dabelea D, Stafford JM, Mayer-Davis EJ, D’Agostino R, Dolan L, Imperatore G, et al. Association of type 1 diabetes vs type 2 diabetes diagnosed during childhood and adolescence with complications during teenage years and young adulthood. JAMA 2017;317:825-35
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