De notre correspondante
UNE VARIATION DU GÈNE FTO (fat mass and obesity associated), fréquente dans la population, a été associée à l'obésité dans une récente étude génomique (Frayling et coll., « Science », 11 mai 2007). Cette association est observée dès l'âge de 7 ans et chez l'adulte. Elle reflète une augmentation de la masse adipeuse. Elle a été confirmée depuis dans de nombreuses populations du monde. La variation (SNP rs9939609) du gène FTO procure à ce jour la plus forte association avec l'obésité. Toutefois, on ignore quelle est la fonction de ce gène. Il reste également à savoir comment sa variation module les différents composants de l'équilibre énergétique.
Une étude dirigée par le Pr Colin Palmer, université de Dundee (Écosse), apporte un nouvel éclairage. Il faisait partie du consortium de chercheurs britanniques qui a découvert en 2007 le gène FTO.
Les associations phénotype-génotype.
Afin de mieux comprendre comment ce gène augmente l'indice de masse corporelle (IMC) et le risque d'obésité, Cecil, Palmer et coll. ont étudié un groupe d'enfants écossais (âgés de 4 à 10 ans) qui participent à une étude d'équilibre énergétique. Elle explore les associations phénotype-génotype dans son maintien.
En analysant l'ADN génomique (isolé dans la salive) de 2 726 enfants, ils ont d'abord confirmé l'association entre l'allèle A du variant FTO et des augmentations du poids ainsi que de l'IMC.
Les chercheurs ont ensuite évalué dans un sous-groupe de 76 enfants, l'adiposité, la dépense énergétique et le comportement alimentaire.
L'apport alimentaire a été mesuré au cours de 3 repas pris à l'école. Un plateau-repas offre une variété d'aliments : jambon, fromage, crackers, chips, raisin, raisins secs, concombre, carottes, chocolat, eau, jus d'orange et pain. Il suffit ensuite de noter quels aliments sont restés sur le plateau.
Les résultats indiquent que l'allèle A du gène FTO n'affecte pas la dépense énergétique (au repos et totale). En revanche, il est associé à une augmentation de l'apport énergétique, alors que le poids des aliments consommés reste le même. Ce qui signifie que les enfants portant l'allèle A consomment plus d'aliments riches en calories (graisses et sucres) et révèle leur préférence pour ces aliments, par rapport aux enfants ne portant pas l'allèle A.
Rôle hypothalamique direct ou périphérique.
Des études plus vastes doivent confirmer ces résultats, préviennent les chercheurs. Il reste aussi à déterminer si le gène FTO joue un rôle hypothalamique direct, dans la régulation de l'appétit, ou périphérique, dans la détection de l'apport alimentaire.
« Notre étude démontre que ce gène ne conduit pas à l'obésité sans un excès alimentaire, explique le Pr Palmer. Elle suggère que l'obésité liée à ce gène pourrait être modulée par un bon contrôle alimentaire… Elle montre que les personnes portant le variant à risque ont un trait qui pourrait les amener à manger des aliments peu sains, faisant grossir… Ces résultats ne changent en rien les conseils sur le mode de vie et l'alimentation… Mais ils renforcent l'hypothèse selon laquelle l'accroissement de l'obésité observée chez les enfants au cours des récentes années, pourrait être largement attribué à la grande disponibilité en aliments hypercaloriques et bon marché, plus attractifs pour la grande part de la population porteuse du variant ».
« New England Journal of Medicine », 11 décembre 2008, pp. 2 558 et 2 603.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?