IL FALLAIT une confirmation. Les études antérieures destinées à montrer un lien entre la survenue d’un diabète de type 1 et une infection à entérovirus étaient discordantes, la relation variait selon les travaux. C’est pourquoi des chercheurs australiens, Wing-Chi Yeung et coll ont choisi la voie de la métaanalyse pour aboutir à cette confirmation… qui n’est pas une preuve de relation de cause à effet.
Des 33 études de prévalence compilées, les auteurs en ont retenu 26 qui présentaient les critères d’éligibilité. Elles regroupaient 1 931 patients atteints et 2 517 témoins. Ces études cas-contrôle mesuraient les taux d’ARN ou de protéine viraux dans le sang, les selles ou les tissus de patients atteints de diabète ou de pré-diabète. Deux objectifs étaient fixés au travail australien, soit l’auto-immunité liée au diabète soit la survenue d’un diabète de type 1.
La métaanalyse apporte les éléments qui manquaient. Elle met en évidence une association significative entre une infection par un entérovirus et une auto-immunité liée au diabète de type 1, c’est-à-dire un pré-diabète (odds ratio 3,7, IC 95 % 2,1-6,8). Le même lien est établi avec la survenue d’un diabète de type 1 clinique (odds ratio 9,8, IC 95 % 5,5-17,4). L’analyse met en évidence aussi des disparités géographiques. De fait, pour les études non-européennes l’odds ratio était de 13,5 (IC 95 % : 7,1-25,8) contre 8,6 (IC 95 % : 4,3-17,3) pour celles menées en Europe. « Tandis que les données de cette métaanalyse d’études observationnelles ne peuvent prouver qu’une infection par un entérovirus joue un rôle causal dans la pathogénèse du diabète, les résultats fournissent des arguments supplémentaires en faveur d’une preuve directe de l’infection du tissu pancréatique par un entérovirus chez les individus atteints de diabète de type 1 » écrivent les auteurs.
Afin de limiter les causes d’erreurs, l’équipe explique avoir inclus les études portant sur des enfants, mais aussi des adultes. Elle craignait un biais dû la plus grande fréquence de ces infections en pédiatrie. Ensuite, les travaux de tous horizons géographiques ont été pris en compte, ce qui devait réduire des erreurs liées aux différentes incidences des infections à entérovirus selon les pays. Par rapport à une métaanalyse antérieure, aux résultats inverses, Wing-Chi Yeung et coll. considèrent les points forts de leur méthode. Dans la majorité des études incluses la plupart du temps les entérovirus ont été mis en évidence par PCR (réaction de polymérisation en chaîne) portant sur des régions conservées entre tous les virus, alors que la sérologie ne porte que sur certains sérotypes viraux. Les technologies moléculaires sont significativement plus sensibles que celles ayant recours à la sérologie. En revanche, la détection de l’ARN ou la protéine de capside vp1 des virus ne met en valeur qu’une infection actuelle ou récente. Un point négatif pour la métaanalyse.
Mais le travail australien connaît d’autres faiblesses. Il existe une grande hétérogénéité entre les diverses études analysées. Les facteurs environnementaux impliqués classiquement (allaitement artificiel au lait de vache, vitamine D, courbe pondérale dans l’enfance) n’ont pu être contrôlés. Les tests PCR utilisés varient en sensibilité selon les travaux. L’auto-immunité était le plus souvent jugée sur la présence d’au moins un autoanticorps, alors que plusieurs anticorps confèrent un risque de diabète élevé tout au long de la vie. Enfin, la relation temporelle entre l’infection et l’apparition de l’auto-immunité est probablement sous-reportée.
La métaanalyse n’a pu établir non plus la responsabilité d’une infection maternelle au cours de la grossesse. Les deux seules études utilisables vont plutôt dans le sens d’une absence ou d’une faible implication. De même manque l’analyse des sujets porteurs d’un génotype HLA protecteur.
« Le risque d’infection par un entérovirus chez les sujets atteints d’un diabète confirmé suggère qu’une infection persistante est également commune parmi les patients atteints de diabète de type 1, concluent les auteurs. Comme il n’est pas possible de déterminer une relation causale entre l’infection et le diabète de type 1 par un essai contrôlé randomisé, des études prospectives internationales multicentriques plus vastes devront se pencher sur les interactions entre le diabète de type 1 et divers facteurs environnementaux, géographiques et génétiques ».
British Medical Journal doi : 10.1136/bmj.d35.
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