L’obésité pédiatrique est en expansion. Elle concerne plus de 100 millions d’enfants et d’adolescents à travers le monde. C’est un facteur de risque important de survenue de l’obésité à l’âge adulte, de nombreuses complications, notamment le diabète de type 2 (DT2) et les complications mécaniques. Mais l’arsenal thérapeutique reste limité : modifications du mode de vie et souvent(même hors indication reconnue) la metformine. La chirurgie bariatrique est ponctuellement proposée en cas d’obésité sévère de l’adolescent.
Le liraglutide (arGLP1) a des effets glycémiques et pondéraux établis chez l’adulte DT2, il est depuis peu approuvé aux États-Unis (par la Food and Drug Administration) pour traiter l’obésité ou le surpoids compliqué de l’adulte. Une étude avait pour objectif de mesurer son efficacité chez l’adolescent, en association une authentique prise en charge du mode de vie (1).
Cet essai randomisé international, en double insu vs placebo a suivi 251 sujets obèses de 12 à 17 ans, au poids stable depuis les 90 derniers jours et présentant une réponse modeste aux modifications du mode de vie préalables. La randomisation a été stratifiée sur le stade pubertaire et le statut glycémique. Le DT2 ne représentait pas un critère d’exclusion.
Après une phase de pré-inclusion de 12 semaines, le traitement a duré 56 semaines, à doses croissantes de liraglutide croissante toutes les quatre à huit semaines, avec un maximum de 3 mg/j. Le traitement a ensuite été interrompu et les patients suivis pendant 26 semaines supplémentaires.
Un effet significatif sur le poids
Le critère de jugement principal était la variation du Z-score pour l’IMC ajusté (âge-sexe) à 56 semaines, pour lequel le liraglutide s’est avéré supérieur (p = 0,002). Une réduction d’au moins 5 % de l’IMC a été observée chez 43 % des sujets sous liraglutide vs 19 %. Et une réduction d’au moins 10 % de ce paramètre a été relevée chez 26 % et 8 % du groupe liraglutide vs placebo respectivement.
Mais, après l’arrêt du traitement, une augmentation plus importante du Z-score pour l’IMC ajusté fut observée pour le groupe liraglutide. Les principaux effets indésirables furent d’ordre gastro-intestinaux (< 5 % des cas sérieux).
Noter également deux suicides dans le groupe liraglutide, non imputés au traitement, témoins cependant de la fragilité de ces adolescents.
Au total, le liraglutide à 3 mg/j, associé aux modifications du mode de vie, permet d’obtenir une réduction significative de l’IMC chez les sujets adolescents obèses, et pourrait contribuer à élargir l’approche thérapeutique dans cette population, dans laquelle l’arsenal thérapeutique est particulièrement limité.
Commentaires du Pr Serge Halimi
On restera prudent pour plusieurs raisons. Tout d’abord en cas de troubles neuropsychiatriques, loin d’être rares dans cette population d’obèses, à l’adolescence et dans des milieux à risque (addictions diverses).
Il faudra aussi que les bénéfices pondéraux soient durables, surtout si le rebond pondéral noté après arrêt du liraglutide devait se confirmer.
Reste encore à être certain de l’absence d’effets secondaires sérieux à moyen et long terme dans cette période cruciale de croissance, de puberté, etc.
Enfin, le coût de ce traitement (la dose de 3 mg/j étant supérieure à celle de l’adulte à 1,8 mg/j) est un réel frein, surtout aux États-Unis où il est supérieur à 700 à 1 000 $/mois et en l’absence (ou quasi) de couverture maladie pour les populations défavorisées, les premières touchées par l’obésité, que ce soit de l’adulte ou de l’enfant.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Kelly AS, Auerbach P, Barrientos-Perez M, et al. NN8022-4180 Trial Investigators. A randomized, controlled trial of liraglutide for adolescents with obesity. N Engl J Med 2020 Mar 31. DOI: 10.1056/NEJMoa1916038 [Epub ahead of print].
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