Le diabète est un facteur de risque de maladie cardiovasculaire (MCV) plus important chez les femmes par rapport aux hommes. On sait aussi que cette complication cardiovasculaire (CV) majeure est moins diagnostiquée, serait plus atypique dans ses manifestations cliniques, et prise en charge avec plus de retard chez les femmes en général, et chez les femmes diabétiques, plus encore.
Le score de « calcium de l’artère coronaire » (CAC), longtemps peu utilisé par les cardiologues en France, est de plus en plus pratiqué puisqu’il s’avère particulièrement prédictif du risque de présenter des maladies coronariennes (CHD). Ceci vaut pour la population générale.
Chez les diabétiques, toutes les calcifications artérielles, y compris coronaires, sont plus fréquentes. Les scores CAC sont souvent plus élevés chez eux, et très fortement prédictifs des MCV.
Un surrisque encore plus marqué
Mais on ignorait si cette observation était retrouvée de la même manière dans les deux sexes, en particulier en ce qui concerne les mortalités : totale, CV et coronarienne (CHD).
Dans ce travail (1), 4 503 adultes diabétiques d’un vaste registre ayant bénéficié d’un score CAC ont été suivis sur 11,5 années pour évaluer leur mortalité.
Âgés de 21 à 93 ans, il y avait 32,5 % de femmes. 61,2 % d’entre elles et 80,4 % des hommes avaient un CAC positif.
Les taux de mortalité totale, CVD et CHD, étaient directement liés au score CAC : les femmes avaient des taux de mortalité totale et par MCV plus élevés que les hommes lorsque leur CAC dépassait 100. Les hazard ratios (HR) ajustés étaient plus élevés chez les femmes que chez les hommes pour la mortalité totale et la mortalité par MCV :
− Pour la mortalité par MCV, les HR avec des scores CAC de 101 à 400 et > 400 étaient de 3,67 et 6,27, respectivement pour les femmes et de 1,63 et 3,48, respectivement pour les hommes.
− Pour la mortalité totale, les RR étaient de 2,56 et 4,05 pour les respectivement pour les femmes, et de 1,88 et 2,66 respectivement pour les hommes.
En revanche ces risques étaient similaires chez les femmes et les hommes pour la mortalité par coronaropathie.
Une approche à développer
Le RCV de la femme diabétique est un sujet important de préoccupation, la femme diabétique est en effet plus à surrisque de maladies CV qu’en l’absence de diabète, et plus que les hommes diabétiques.
Le dépistage des sujets à risque CV, surtout coronaire, par le score calcique commence à se développer en France alors qu’il a démontré depuis dix ans son caractère incontournable pour orienter la prise en charge CV des patients. Il convient donc d’une part de développer cette approche simple, rapide, très peu coûteuse et peu irradiante. Et aussi de ne plus ignorer le caractère fréquent, sous-estimé et « piège » (tableaux pauci- voire asymptomatiques) du risque coronaire de la femme diabétique.
Professeur Émérite en diabétologie, Université Grenoble-Alpes
(1) Wong ND, Cordola Hsu AR, Rozanski A, et al. Sex Differences in Coronary Artery Calcium and Mortality From Coronary Heart Disease, Cardiovascular Disease, and All Causes in Adults With Diabetes: The Coronary Calcium Consortium. Diabetes Care. 2020 Oct;43(10):2597-2606. doi: 10.2337/dc20-0166
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