Il est possible d'enrayer l'évolution du diabète de type 2 pendant au moins 10 ans, selon des résultats des plusieurs travaux synthétisés à l'occasion d'une présentation faite par le Pr Roy Taylor, de l'université de Newcastle, lors du congrès de l'association européenne d'étude du diabète (EADS).
Lors de sa présentation, le Pr Taylor a rappelé le lien entre un régime hypercalorique et l'apparition de graisses au niveau du foie qui grève la réponse de cet organe à l'insuline ; l'excès de graisse dans le pancréas réduit, quant à lui, les capacités de production d'insuline.
Perte d'1 g de graisse hépatique
Selon des travaux menés ces dernières années par l'équipe du Pr Taylor, la perte de l'équivalent d'un gramme de graisse dans le foie chez des patients ayant un début de diabète de type 2 permet de revenir à un état normal en termes de production d'insuline. Ce retour à la normale peut retarder l'apparition du diabète de type 2 d'au moins 10 ans. C'est en tout cas ce qui a été observé dans l'étude Counterbalance présentée lors du congrès dans laquelle certain patients recrutés diabétiques depuis plusieurs années ont vu leur métabolisme glycémique se normaliser grâce à un régime hypoglycémique.
Ces résultats confirment « l'hypothèse des cycles jumeaux », défendue par le Pr Taylor, qui veut qu'un excès de graisse à la fois dans le foie et dans le pancréas soit à l'origine du diabète de type 2.
Counterbalance s'inscrit dans le prolongement de l'étude Counterpoint, publiée en 2011. L'équipe du Pr Taylor y avait montré qu'au bout d'une semaine d'un régime hypocalorique, la glycémie à jeun des patients diabétiques se normalisait, passant de 9,2 à 5,6 mmoles/L. Au bout de la 8e semaine, la réponse de l'insuline avait également augmenté, passant de 0,19 nmoles/min à 0,46 nmoles/min.
« La bonne nouvelle pour les patients diabétiques de type 2 est que le retour à la normale, et donc la fin du diabète, peut être obtenu grâce à un régime alimentaire jusqu'à 10 ans après les premiers signes de la pathologie », se réjouit le Pr Taylor.
Un régime bien accepté
Selon le Pr Taylor, ces observations s'expliquent par la mise en quiescence des cellules hépatiques et ß-pancréatiques en présence d'excès de graisse dans les deux organes. « La disparition de l'excès de gras permet la reprise de la production d'insuline, ajoute-t-il. Étonnamment, il a été observé que le régime employé comme un outil expérimental dans notre travail était apprécié par les participants. Il n'était pas associé avec un sentiment de faim ou de fatigue chez la plupart d'entre eux, mais augmentait rapidement la sensation de bien-être. »
Le régime en question se décomposait en 2 phases : une phase de perte du poids et une phase de maintien de cette perte de poids. Cette approche a permis une perte moyenne de 15 kg chez les participants.
Afin de vérifier la pertinence de ces données pour la pratique clinique, le Pr Taylor et ses collègues ont lancé l'étude DIRECT (DIabetes REmission Clinical Trial), au cours de laquelle 280 participants seront suivis par 30 médecins, recrutés en Angleterre et en Écosse. La moitié d'entre eux bénéficiera d'un suivi classique, quand l'autre moitié bénéficiera d'un suivi classique complété d'un régime alimentaire sous la responsabilité d'un diététicien pendant 12 à 20 semaines. Une IRM sera régulièrement réalisée pour mesurer la quantité de graisse présente dans le foie et le pancréas.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?