CETTE ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE est un processus continu qui doit comporter des actions de sensibilisation, d’information, d’apprentissage et d'accompagnement du patient en rapport avec sa maladie, son traitement et ses soins. Ainsi, le diabétique devrait-il être capable de contrôler sa glycémie, d’adapter ses doses d’insuline, de prévenir et traiter les hypoglycémies, par exemple. En effet, l’objectif de cette éducation est de réduire la morbimortalité du diabète et de ses complications en améliorant le traitement et le pronostic, notamment grâce à la promotion de leur diagnostic précoce et de leur prévention (1). L’ensemble des soignants devrait participer à cette éducation, en particulier le médecin, l'aide-soignant, le diététicien, le podologue, le psychologue et le kinésithérapeute par exemple.
L’Organisation Mondiale de la Santé a également souligné l’importance de l’éducation thérapeutique des patients, notamment l’acquisition d’un savoir-faire par le malade, la continuité de ce processus et la collaboration du malade et de sa famille avec les soignants (2). L’éducation thérapeutique doit non seulement transmettre un savoir-faire, mais aussi aider le malade à agir dans la « vraie vie ». Longtemps négligée en France, l’éducation thérapeutique du patient se matérialise par la mise en place de structures dédiées, la disponibilité de ressources éducatives spécifiques ou le déploiement de cursus de formation professionnelle spécialisés (3). Des services hospitaliers ont formalisé le travail d’éducation, des unités transversales d’éducation thérapeutique (UTEP) qui ont été créées dans certains centres hospitaliers, les structures d’hospitalisation à domicile, les structures de soins de suite et de réadaptation (SSR) ou les maisons d’enfants à caractère sanitaire spécialisé ont ainsi été mis en uvre. Les réseaux de santé et les maisons médicales, le milieu associatif en général, ont également largement contribué à des actions d’éducation.
Une nécessaire mise à disposition de moyens.
Une enquête, l’OBServatoire de l'Information et de l'éducation des patients DIAbétiques (OBSIDIA), relative à l'éducation thérapeutique des patients diabétiques a été réalisée en 2007 auprès de 75 services hospitaliers publics et privés. Ses résultats ont bien évidemment confirmé que la formation du patient diabétique doit être considérée comme prioritaire. Celle-ci doit ainsi être comprise comme une responsabilisation du patient, une recherche de son autonomie et une acquisition de la compréhension de la maladie et de la nécessité du contrôle glycémique, et une aide au changement de comportement d’auto-soin. Par ailleurs, l’enquête OBSIDIA a mis en évidence le « décalage entre les ambitions affichées par les équipes soignantes et la réalité du terrain ». En pratique, en effet, 6 sur 10 seulement des patients constitutifs de l'échantillon ont réellement bénéficié de cette éducation. D’importantes disparités ont par ailleurs été révélées. Ainsi, de véritables programmes éducatifs individuels et collectifs sont proposés dans certains CHU, alors que l’éducation est « improvisée », parfois au lit du malade, dans les petits hôpitaux dépourvus de service de diabétologie. Les obstacles que constituent par ailleurs notamment la barrière de la langue, le grand âge et le déni de la maladie ont été mis en avant. Enfin et surtout, la quasi-totalité des soignants interrogés réclament une reconnaissance de l’acte à part entière, tant professionnelle que financière, que constitue l’éducation thérapeutique et évoquent le manque de moyens dont ils disposent, tant en personnel qu’en matériels. Dans le cadre de la tarification à l'activité, qui a pour finalité déclarée une plus grande médicalisation du financement, une responsabilisation des acteurs et une incitation à s’adapter, une équité de traitement entre les secteurs et le développement d’outils de pilotage médico-économiques, les pouvoirs publics devraient donc envisager la prise en compte de l’éducation thérapeutique en groupe avec un acte de soin à part entière et non pas seulement constituée de « bons conseils ». Apprendre à un patient comment obtenir un bon équilibre glycémique et comment changer ses comportements, prend du temps (4)…
› Dr GÉRARD BOZET
D’après un entretien avec le Pr AndrÉ Grimaldi (service de diabétologie-métabolisme, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris)
Références
(1) Gallivan J, et coll. The National Diabetes Education Program evaluation framework : how to design an evaluation of a multifaceted public health education program. Prev Chronic Dis 2008 ; 5 (4) : A134.
(2) Therapeutic patient education. Continuing education programmes for health care. Providers in the field of prevention of chronic diseases. World Health Organization. 1998.
(3) Grenier B, et coll. Le développement de l’éducation thérapeutique en France : politiques publiques et offres de soins actuelles. Santé Publique 2007 ; 19 (4) : 283-92. (4) Grimaldi A. L’observance : le défi de la maladie chronique. Rev Med Interne 2009 ; 30 (1) : 1-2.
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