De très nombreuses communications à l’ADA ont illustré les innombrables voies de recherche et d’avancées technologiques dans le domaine du diabète, de type 1 pour l’essentiel.
Comparaison de FreeStyle Libre, Dexcom G5 et Eversense
Après FreeStyle Libre, déjà bien connu sur le marché français et remboursé sous certaines conditions, le Dexcom G5 sur certains marchés (G4 remboursé en France), sous peu le G6, et le capteur Eversense (approuvé par la FDA en 2018) viendront compléter l’offre de capteurs de glycémie en continu.
Ils présentent des caractéristiques différentes quant à leur durée de vie, leur précision (évaluée par le Mard), le temps de mise en route, le besoin ou non de calibration et les interférences possibles entre le glucose et certaines substances chimiques.
La précision annoncée (Mard) comme l’absence d’interférences et la durée de vie (6 mois) plaident pour le capteur implanté Eversense, qui serait particulièrement bien toléré sur les plans physique local comme psychologique.
Le système Dexcom offre quant à lui des possibilités de liens avec divers produits connectés : pompes, télémédecine (Diabeloop), stylos électroniques. Dans une étude publiée récemment, il avait montré de meilleurs résultats que FreeStyle Libre quant au temps passé dans la cible glycémique et à la réduction de la fréquence des hypoglycémies, en particulier nocturnes (1).
Apport des capteurs lors de la grossesse chez une femme diabétique
Dans le cadre du programme Conceptt, plusieurs études sur la femme diabétique pendant une grossesse ont été rapportées (2). On en retiendra un effet favorable de la mesure continue de la glycémie sur le contrôle glycémique (- 0,5 % d’HbA1c), que les femmes soient traitées en injections multiples au stylo ou par pompe à insuline.
Sous mesure continue, le temps passé dans la cible (0,63-1,5 g/L) est plus important, et les hyperglycémies (> 1,4 g/L) moindres. Sur le plan clinique, moins de macrosomies, moins d’hypoglycémies et moins de temps passé en unité de soins intensifs pour les nouveau-nés. Au total, le modèle économique est jugé efficient.
Un pancréas artificiel lors de l’hospitalisation
L’intensification thérapeutique augmente l’incidence des hypoglycémies (DIGAMI, NICE-SUGAR, RABBIT surgery) : de 15 à 45 % des patients DT1 présentent des hypoglycémies lors d’hospitalisations, et celles-ci sont associées à un moins bon pronostic. Ce constat assez péjoratif est encore plus vrai pour les séjours effectués dans des services non spécialisés.
Lia Bally (Berne, Suisse) a présenté un prototype de pancréas artificiel assurant une régulation glycémique totalement automatisée (boucle fermée utilisant un algorithme MPC simple, entre un Freestyle Navigator II et une pompe Dana Diabecare) lors des hospitalisations de diabétiques, quel qu’en soit le motif. Ce système a permis un équilibre glycémique accru, ici chez les DT2 en soins continus, particulièrement en journée, même en l’absence de programmation des bolus, moins d’hyperglycémies postprandiales (moins longues), moins de variabilité glycémique, sans accroître la fréquence des hypoglycémies.
Cela devrait aider les soignants à mieux gérer le diabète lors des séjours hospitaliers sans charge de travail excessive. Toutefois, l’ensemble du système est encore assez encombrant.
Objets connectés et intelligence artificielle
La délivrance automatisée de l’insuline est encore perfectible, puisque plusieurs problèmes complexes persistent : l’annonce des repas, l’activité physique, la miniaturisation, l’autonomie énergétique, les variations de sensibilité à l’insuline (3). Les avancées technologiques, objets connectés et intelligence artificielle, pourraient y contribuer. Un logiciel intégré dans un téléphone portable peut ainsi photographier l’aliment, la taille de la portion et en déduire la dose d’insuline nécessaire après validation de l’utilisateur.
Pour l’activité physique, un ECG continu et des capteurs musculaires d’activité physique pourraient être couplés à la boucle fermée, offrant à celle-ci une information continue sur les besoins en sucre et/ou en insuline du sujet.
Professeur émérite à l’université Grenoble-Alpes
(1) Reddy M et al. Diabet Med. 2018 Apr; 35(4):483-490
(2) Jennifer Yamamoto, Helen Murphy
(3) Conférence d’Eyal Dassau
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?