Circonstances de découverte
Les œdèmes orbitopalpébraux sont fréquents et dus à une infiltration liquidienne ou cellulaire au niveau des tissus cutanés des paupières.
Devant un œdème orbitopalpébral, certains éléments cliniques doivent être précisés : mode d’installation qui peut être brutal en quelques heures ou progressif en quelques jours, semaines ou mois ; caractère uni ou bilatéral de l’atteinte, siège de l’atteinte (paupière(es) supérieure(es) et/ou inférieure(es), caractéristiques de l’œdème, consistance molle, prenant ou pas le godet, existence d’une infiltration ; peau blanche ou rosée, érythème, lésions plus spécifiques ; œdème douloureux, accompagné d’un prurit, d’une sensation de tension ou sans aucun signe fonctionnel. L’examen clinique recherche également l’association à des œdèmes d’autres localisations (lèvres, mains, pieds, organes génitaux…).
L’interrogatoire s’intéresse enfin au mode évolutif, par poussées ou d’un seul tenant, et précise également les facteurs déclenchants et/ou aggravants.
Qu’ils soient aigus ou chroniques, les œdèmes généralisés se localisent souvent aux paupières le matin ; c’est le cas au cours d’une insuffisance cardiaque droite, d’un syndrome néphrotique, ou d’une insuffisance hépatocellulaire.
Avant d’envisager les différentes étiologies, l’œdème palpébral doit être différencié des « poches palpébrales » dues à la saillie de la graisse orbitaire liée au relâchement du septum lors du vieillissement.
Différentes étiologies
Un œdème palpébral aigu est le plus souvent dû à une cause allergique ou à une cause infectieuse. Cet œdème peut être uni ou bilatéral.
L’eczéma de contact est une des causes les plus fréquentes. Il peut s’agir d’une application directe (produits de maquillage) ou parfois d’un contact « par procuration » (vernis à ongle). Cet eczéma de contact est le plus souvent œdémateux. Le diagnostic repose essentiellement sur l’interrogatoire qui doit être rigoureux. Les patchs tests permettent de confirmer le diagnostic et de donner des conseils d’éviction.
Parmi les médicaments à l’origine d’un œdème palpébral, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), les inhibiteurs calciques, la rifampicine et surtout les psychotropes (benzodiazépines, antipsychotiques, antidépresseurs), sont le plus souvent incriminés. En ce qui concernent les psychotropes, les œdèmes sont le plus souvent d’apparition progressive et surviennent au bout de plusieurs mois à plusieurs années de traitement, par diminution du drainage lymphatique ; à l’arrêt du traitement ces œdèmes palpébraux peuvent disparaître, mais de façon inconstante.
Certaines molécules antimitotiques (imatinib) peuvent être à l’origine d’un rash cutané avec œdème érythémato-palpébral, parfois très important. Dans ce cas particulier, l’œdème est dose-dépendant, et concerne environ 70 % des patients ; la prise en charge de cet œdème repose sur les diurétiques et les massages. Enfin, un angiooedème estrogénodépendant peut survenir lors de la grossesse, ou chez une femme sous contraception orale ou THS.
L’origine de ces œdèmes palpébraux peut être infectieuse. Il s’agit le plus souvent d’œdèmes secondaires à une infection oculaire ou une infection stomatologique. Ils peuvent également se rencontrer au cours d’une infection herpétique, d’un zona, d’une mononucléose infectieuse (signe de Hoagland) et au cours d’affections parasitaires (filariose, trichinose).
L’hyperthyroïdie (Maladie de Basedow) s’accompagne dans 25 à 50 % des cas d’œdèmes palpébraux qui sont le plus souvent accompagnés d’autres signes oculaires (exophtalmie) ; néanmoins, ces œdèmes palpébraux peuvent parfois être isolés et révélateurs de la maladie.
Les œdèmes palpébraux sont fréquents au cours du lupus (lupus érythémateux disséminé, lupus discoïde, lupus profond). Cet œdème peut être révélateur du lupus, isolé ou accompagné d’autres signes. La réponse au traitement sera généralement bonne.
Enfin des œdèmes chroniques des paupières peuvent se rencontrer au cours d’un lymphome de MALT, d’un syndrome de Kaposi ou de métastases palpébrales (cancer du sein, mélanome, cancer du rein).
D’après les communications de M.S. Doutre, M. Beylot-Barry et E. Kostrzewa lors des Journées Dermatologiques de Paris.
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