- Diabète de type 1 : une imagerie pour quantifier la masse résiduelle de cellules bêta (1)
Quel est le rôle de la masse résiduelle des cellules bêta dans l’équilibre glycémique et le contrôle du risque hypoglycémique chez les sujets avec diabète de type 1 (DT1) ? Pour le savoir, encore faut-il pouvoir déterminer cette masse. Les auteurs ont réalisé une imagerie par tomographie par émission de positrons (TEP) avec de l’exendine radiomarquée, pour comparer la masse des cellules bêta chez les personnes atteintes de diabète de DT1 présentant une faible (n = 9) ou une forte (n = 7) variabilité glycémique. Ils ont aussi subi un test de tolérance aux repas mixtes et porté un capteur glycémique en aveugle. Les participants à faible variabilité glycémique avaient une HbA1c plus faible (6,4 [6,3 – 7] %, vs. 9,5 [8,5 – 12,2] %, p = 0,001) et un temps dans la cible plus élevé (75,6 [73,5 – 90,3] % vs. 38,7 [25,1 – 48,5] %, p = 0,002). Et la réserve bétacellulaire moyenne du pancréas était plus élevée pour le groupe à faible variabilité.
Une telle imagerie pourrait apparaître comme une prouesse technique sans retombées pratiques réelles pour le clinicien et le patient. En réalité, la capacité de mesurer précisément le capital bêtacellulaire résiduel (au-delà de mesures biologiques souvent délicates ou peu précises), peut permettre de déboucher sur des approches thérapeutiques préventives de la perte rapide du potentiel insulinosécrétoire résiduel, voire, encore plus en amont, de déceler un diabète de type 1 avant sa découverte clinique.
- Tout savoir sur la lévothyroxine et ses formulations futures (2)
Endocrine Reviews nous offre là une mise au point très complète sur l’hormone la plus utilisée, avec l’insuline. Tous les endocrinologues, et nombre de médecins généralistes, prescrivent la lévothyroxine. Une controverse mémorable et peu claire a marqué les esprits lors du changement de formulation du médicament, le Lévothyrox, en France mais aussi dans d’autres pays, comme la Nouvelle-Zélande.
Cette mise au point insiste sur le devenir de la lévothyroxine une fois prise par voie orale, les effets des aliments ou d’autres médicaments sur son absorption, l’influence de la forme utilisée (comprimés, gouttes, etc.), les problèmes de malabsorption, réels ou non, le rôle de l’horaire de prise sur les dosages plasmatiques et, bien sûr, sur les authentiques problèmes d’hypothyroïdies difficiles à substituer. Elle présente enfin les futurs développements de formulations : liquides, gels, sprays, injections, nanoparticules, voire suppositoires !
Une mise au point que tout endocrinologue sérieux se doit d’avoir lue, tant il utilise ce traitement chaque jour sans (peut-être) toujours si bien le connaître.
- L’HTA un peu moins à risque d’AVC chez les diabétiques les plus âgés (3)
30239 participants, âgés de 45 ans ou plus, ont été divisés en trois groupes d’âge. 1 405 AVC ischémiques sont survenus au cours d’un suivi médian de 11 ans. Les participants du groupe le plus jeune atteints de diabète et de maladie cardiaque étaient deux fois plus susceptibles d’avoir un AVC que les plus âgés n’ayant aucune de ces maladies. L’association entre l’HTA avec le risque d’AVC était significativement moindre aux âges plus avancés. Cependant, aucune différence n’a été observée entre les différents groupes d’âge en ce qui concernait l’association du risque d’AVC avec le tabagisme, la fibrillation auriculaire ou l’hypertrophie ventriculaire gauche.
- La variabilité du poids dans la vie accroît le risque cardiovasculaire des diabétiques (4)
Malgré les preuves de plus en plus nombreuses en faveur d’une mortalité cardiovasculaire (CV) accrue par les changements du poids, par rapport au maintien d’un poids corporel stable, la perte de poids intentionnelle ne doit pas être découragée.
Il semble que ce n’est pas la perte de poids, mais le fait qu’il fluctue, qui est le plus nocif pour la santé CV. Comme le phénomène « yo-yo », associé à la perte de poids est inévitable, il est prudent que les médecins recommandent de perdre du poids, mais qu’ils mettent l’accent sur le maintien à long terme de cette perte de poids. Et ces interventions devraient commencer dès l’enfance, ciblant ainsi le processus d’athérosclérose dès son apparition.
Ce caractère délétère des pertes de poids itératives sur la santé globale des sujets, diabétiques ou non, est avancé depuis quelques années. Cela doit faire réfléchir à nos prises en charge, en particulier aujourd’hui avec les arGLP1, ou la venue des doubles agonistes GIP-GLP1, utilisés à plus forte dose que pour le DT2 mais dont la durabilité des effets après arrêt du traitement pourrait conduire à des phénomènes yo-yo encore plus fréquents.
- Doser l’HbA1c pour dépister plus tôt le diabète et réduire les délais de diagnostic (5)
À l’entrée de la base Biobank britannique (179 923 sujets de 40 à 70 ans) une HbA1c a été mesurée sans qu’elle soit transmise aux participants/cliniciens. 7,3 % (n = 13 077) des participants avaient un diabète préexistant. Mais, 1 % des mesures ont révélé un diabète (HbA1c ≥ 6,5 %, pour une médiane à 6,8 %). Or, ces patients n’ont eu connaissance du diagnostic de clinique qu’après une durée médiane de 2,2 années, et jusqu’à dix ans plus tard ! Les femmes avec faible IMC connaissaient les plus grands retards au diagnostic.
Certes, 1 % cela semble peu, mais un tel dépistage accroît de 13 % le nombre de DT2 diagnostiqués… donc de prises en charge précoces des complications.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Jansen TJP, Brom M, Boss M, Buitinga M, Tack CJ, van LA, de Galan BE, Gotthardt M. Importance of beta cell mass for glycaemic control in people with type 1 diabetes. Diabetologia. 2023 Feb;66(2):367-75
doi:10.1007/s00125-022-05830-2
(2) Hanqing Liu et al. Levothyroxine: conventional and novel drug delivery formulations. Endocrine Reviews. 2022(00)1-24
doi.org/10.1210/endrev/bnac030
(3) Harris E. Stroke risk from diabetes, high blood pressure may decrease with age. Jama. 2023 Jan 25
doi:10.1001/jama.2023.0390
(4) Bhadada SK, Malhotra B, Shetty AJ. Body weight variability and cardiovascular health in diabetes. J Clin Endocrinol Metab. 2023 Jan 17;108(2):e19-e2
doi:10.1210/clinem/dgac629
(5) Young KG, McGovern AP, Barroso I, Hattersley AT, Jones AG, Shields BM, Thomas NJ, Dennis JM. The impact of population-level HbA1c screening on reducing diabetes diagnostic delay in middle-aged adults: a UK Biobank analysis. Diabetologia. 2023 Feb;66(2):300-9
doi: 10.1007/s00125-022-05824-0
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