- Les édulcorants non caloriques finalement non coupables ? (1)
Dans de nombreux travaux et prises de position, l’idée que les édulcorants peu ou non caloriques pourraient être néfastes dans la prise en charge des diabètes de type 2 (DT2), une obésité ou sur le risque cardiométabolique, revient régulièrement alimenter les controverses. Cette métaanalyse porte sur 14 cohortes et 416 830 participants (1). Les données, quoique très complexes à analyser, tendent à conclure que ces édulcorants ne sont pas associés à une prise de poids ou à une augmentation des évènements cardiométaboliques indésirables et pourraient même présenter certains avantages en remplacement des édulcorants caloriques chez les personnes présentant différents profils de risque cardiométabolique, y compris un DT2. Les preuves indiqueraient qu’une consommation accrue de ces édulcorants est associée à une adiposité plus faible et que leur apport en substitution des édulcorants caloriques est, modestement, associé à une adiposité plus faible, à un risque plus faible d’obésité, de maladie coronarienne et à des réductions de la mortalité totale ; ces associations sont comparables à celles de la consommation d’eau.
Cette étude vient ainsi relancer la controverse, en ne retenant pas d’effet néfaste des édulcorants non-caloriques, voire des bénéfices. Pourtant, nombre de travaux ont montré que leur absorption a un impact tant au niveau central que sur le pancréas endocrine et d’autres systèmes endocriniens. Qu’en penser ? Que, comme le conclut de cette métaanalyse… l’eau reste la meilleure façon de s’hydrater !
- Un taux très élevé de HDL-cholestérol expose à surrisque cardiovasculaire ! (2)
Il est bien admis de longue date que les taux élevés de HDLc sont considérés comme associées à un risque réduit coronaire et cardiovasculaire (CV) en général. Cette large étude (Grande-Bretagne et États-Unis) a porté sur 14 478 participants (76 % d’hommes), tous issus de deux cohortes de sujets ayant présenté un évènement coronarien et suivis sur une médiane de 8,9 années (2). Le critère principal était les décès de toutes causes et le critère secondaire les décès d’origine CV. Les sujets ont été répartis, selon leur taux de HDLc, en cinq groupes (≤30, [30-40], [40-60], [60-80] et > 80 mg/dL). Le risque de présenter un évènement était beaucoup plus élevé dans le groupe > 80 mg/dL, vs. [40 à 60] mg/dL : HR = 1,96 [1,4- 2,7] pour les décès toutes causes et RR = 1,71 [1,09-2,68] pour les décès CV.
En somme, dans cette étude, un HDLc très élevé est un marqueur voire un facteur de risque CV et de décès à prendre en compte à l’avenir. On doit cependant préciser que seulement 1,8 % des sujets de cette cohorte de pathologie coronaire avaient un taux de HDLc > 80 mg/dL, et qu’il s’agissait de sujets ayant une plus forte consommation d’alcool.
Les auteurs eux-mêmes considèrent ce groupe comme assez complexe et hétérogène, un sous-groupe dont le taux HDLc si élevé serait en réalité d’abord le reflet de désordres aussi multiples que variés, accroissant le RCV de façon indirecte, sans relation aucune avec le HDLc. Mais on ne peut exclure un rôle direct, t par exemple pro-inflammatoire, d’un HDLc très élevé mais dysfonctionnel.
- Approfondir la physiopathologie des DT2 en Afrique Subsaharienne est essentiel (3)
Avec une prévalence déjà élevée et dramatique du diabète de type 2 (DT2) et de ses complications et comorbidités, l’Afrique subsaharienne est la région du monde avec les taux d’urbanisation les plus rapides et les taux d’augmentation projetés DT2 les plus élevés (129 % d’ici 2045). Ces pays sont de plus confrontés aux problèmes de santé liés à la pauvreté et aux maladies infectieuses.
Des facteurs socio-environnementaux et liés au mode de vie pourraient interagir avec des facteurs génétiques pour modifier la séquence physiopathologique conduisant à au diabète de type 2 dans ces populations d’Afrique subsaharienne. En effet, les données actuelles, en Afrique subsaharienne et de la diaspora forcée d’immigrer (aux États-Unis, Amérique du Nord), suggèrent que la physiopathologie du diabète de type 2 chez les Africains noirs est différente de celle de leurs homologues européens. Des études de la diaspora suggèrent que la clairance de l’insuline est le principal défaut sous-jacent au développement du DT2.
Il est proposé la séquence physiopathologique suivante chez les Noirs africains d’Afrique subsaharienne : une hyperinsulinémie, due à une association à la fois d’une sécrétion accrue d’insuline et d’une réduction la clairance hépatique de l’insuline serait le principal défaut, ce qui favorise l’obésité et la résistance à l’insuline, exacerbant l’hyperinsulinémie et conduisant éventuellement à une défaillance des cellules bêta et au diabète de type 2 (3).
La compréhension actuelle de la pathogenèse de ces DT2 et les mesures thérapeutiques, comme préventives, reposent pour l’essentiel sur des études de populations de DT2 d’ascendance européenne surtout blanche. Les auteurs passent en revue les facteurs susceptibles d’influencer la pathogenèse du DT2 en Afrique subsaharienne — déterminants sociaux, maladies infectieuses et génétiques et influences épigénétiques. Cette revue fait un point sur les possibles retombés pharmacologiques du DT2 en Afrique subsaharienne.
L’épidémie mondiale de DT2, actuelle et annoncée, va d’abord concerner l’Afrique et le Moyen Orient. Centrer les études sur les populations d’origine européenne n’offre pas la possibilité de mieux lutter contre ce fléau, y compris au plan des thérapeutiques innovantes. Cela devrait inciter à développer une recherche active dans ces pays et/ou sur ces populations immigrées en Europe comme en Amérique du Nord. Ce qui n’est toujours pas fait à ce jour. Cette revue éclaire cette problématique.
- DT1 : la pompe bihormonale insuline-glucagon réduit les hypos nocturnes après exercice physique (4)
La pompe bihormonale insuline-glucagon est prônée par certains chercheurs depuis une décennie comme solution thérapeutique du diabète de type 1 (DT1). Cette étude réunit les données de deux petites séries comparant la pompe à insuline à la pompe insuline-glucagon et au traitement conventionnel par insuline (4).
Les sujets avec DT1 adolescents (n = 17, HbA1c 7,8 % ± 0,8 %) ou adultes (n = 40, HbA1c 7,5 % ± 1,0 %) ont été soumis à un exercice physique aérobie de 60 minutes en soirée. Les mesures de glucose ont été réalisées par mesure continue du glucose (MCG). Chez les adultes, le temps à la cible (TIR) moyen était de 94,0 % ± 11,9 %, 83,1 % ± 20,5 % et 65,1 % ± 37,0 % respectivement avec la pompe bihormonale, à insuline et le traitement conventionnel ; la prévention de l’hypoglycémie et de l’hyperglycémie suivait le même schéma, mais pas la variabilité glycémique. Chez les adolescents, plusieurs données glycémiques étaient similaires entre les deux systèmes de pompes.
La pompe bihormonale est une solution logique prônée par quelques équipes persévérantes depuis des années. Elle démontre ici sa supériorité en situation de risque hypoglycémique nocturne après exercice physique. Néanmoins, son encombrement (double réservoir) et la stabilité physico-chimique du glucagon à température ambiante continuent à représenter un obstacle technique.
Professeur Emérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Lee JJ et al. Relation of change or substitution of low- and no-calorie sweetened beverages with cardiometabolic outcomes: a systematic review and meta-analysis of prospective cohort studies. Diabetes Care. 2022 Aug 1;45(8):1917-1930. doi: 10.2337/dc21-2130. c21-2662
(2) Liu C, Dhindsa D, et al. Association between high-density lipoprotein cholesterol levels and adverse cardiovascular outcomes in high-risk populations. JAMA Cardiol. 2022 Jul 1;7(7):672-680.doi:10.1001/jamacardio.2022.0912
(3) Goedecke JH, Mendham AE. Pathophysiology of type 2 diabetes in sub-SaharanAfricans. Diabetologia. 2022 Sep 27. doi: 10.1007/s00125-022-05795-2
(4) Wu Z, Yardley JE, Messier V, Legault L, Grou C, Rabasa-Lhoret R. Comparison of nocturnal glucose after exercise among dual-hormone, single-hormone algorithm-assisted insulin delivery system and usual care in adults and adolescents living with type 1 diabetes: a pooled analysis. Diabetes Technol Ther. 2022 Oct;24(10):754-762. doi: 10.1089/dia.2022.0149
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