C’est en 2009 qu’a été lancée l’étude Gérodiab, la première étude multicentrique française observationnelle prospective conduite chez des personnes âgées de 70 ans et plus, atteintes d’un diabète de type 2. Avec un objectif principal : mener un suivi sur 5 ans pour évaluer le lien entre l’équilibre glycémique et la morbimortalité. « Il s’agit du premier suivi de cohorte mené de manière spécifique chez des diabétiques âgés. C’est important d’avoir des données dans cette population, qui ne participe pas aux grandes études épidémiologiques », indique le Pr Jean Doucet, diabétologue et gériatre au CHU de Rouen et président de l’association Gérodiab.
Entre juin 2009 et juillet 2010, 987 patients diabétiques de type 2 âgés de 70 ans et plus, autonomes, ont été inclus 56 centres investigateurs. L’âge moyen était de 77,1 ans et 28,5 % des patients avaient plus de 80 ans. « Aujourd’hui, nous disposons de premiers résultats de ce suivi à 5 ans. Il s’agit de données qui vont être publiées et sur lesquelles nous communiquons avec prudence », explique le Pr Doucet, en ajoutant que ces premiers éléments ont été présentés en avril lors du congrès de la Société Francophone du Diabète (SFD). « Tous patients confondus, nous avons constaté une mortalité de 24 % à cinq ans. Le premier constat est la confirmation de l’intérêt de faire une HbA1c tous les 3 mois, comme le préconise l’Assurance-maladie. Chez les patients pour lesquels c’était le cas, on a observé une réduction de la mortalité. Par ailleurs, on constate qu’il vaut mieux ne pas avoir trop de variations glycémiques d’un contrôle à l’autre », indique le Pr Doucet.
Mais le principal enseignement, pour l’instant, porte sur une baisse de la mortalité chez les patients ayant une HbA1c entre 6 % et 8 %. « On observe une courbe en U en dessous de 6 % et au-dessus de 8 %, avec une augmentation de la mortalité. Ces résultats préliminaires, s’ils se confirment, vont peut-être inciter à revoir les recommandations actuelles chez les patients diabétiques âgés pour lesquelles on préconise une HbA1c entre 7 % et 8,5 %. On va maintenant voir s’il ne faut pas se fixer des objectifs en fonction de certains sous-groupes de patient. Peut-être que pour certains, il faut viser un objectif de 6-7 % et pour un d’autres, un objectif de 7-8 % », indique le Pr Doucet. « On va aussi analyser en profondeur ces données, en regardant notamment si cet excès de mortalité ne survient pas chez des patients ayant tendance à faire des hypoglycémies », indique le Pr Doucet.
En conclusion, ce dernier insiste sur le caractère encore provisoire de ces résultats. « Nous allons voir s’il y a aussi une courbe en U pour les autres complications, la rétinopathie, l’insuffisance cardiaque (...) ou chez les patients atteints de troubles cognitifs ».
D’après un entretien avec le Pr Jean Doucet, diabétologue et gériatre au CHU de Rouen et président de l’association Gérodiab
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