La restriction calorique a fait ses preuves chez tous les mammifères, contre les maladies cardiovasculaires, le diabète, les cancers, etc. Une étude menée chez le singe montre qu'elle agit sur plusieurs compartiments et retarde de façon spectaculaire le vieillissement cellulaire (1). « En prenant de l'âge, il faut être mince, affirme le Dr Claude Dalle, président de la World Society for Interdisciplinary Anti-Aging Medicine (Wosiam). Le métabolisme de base diminue considérablement, surtout à partir de 50 ans, aussi ne peut-on plus manger les mêmes quantités qu'avant ».
Jeûner pour rester jeune ?
Le jeûne intermittent est devenu très tendance. Il s'agit soit de sauter un repas par jour – généralement le petit-déjeuner – afin de se ménager une période de jeûne de 12 à 14 heures, soit de réduire la ration calorique à 500-800 Kcal/j, une à deux fois par semaine. Avec l'âge, ce jeûne intermittent est préférable aux restrictions caloriques de longue durée, le déficit hormonal ne permettant plus à l'organisme de reconstituer la masse musculaire. Il facilite les processus d'autoréparation, la régulation du rythme circadien, agit sur l'inflammation, l'insuline, leu métabolisme lipidique et les hormones sexuelles, diminuant ainsi le risque d'obésité, de diabète, de maladie CV et de cancer. Selon différentes études, sauter le petit-déjeuner permettrait de diminuer de 20 % toutes les pathologies, et de 30 % les maladies métaboliques.
Par quels mécanismes ? L'association du jeûne intermittent à une restriction calorique globale stimule les Sirt de type 1 (silent information regulator 1), qui sont des gènes suppresseurs de tumeurs. Et l'absorption de lipides et de protéines peut intervenir sur l'insulinorésistance et la réponse pro-inflammatoire (2). « Tout repas provoque donc un stress oxydatif, augmente la résistance à l'insuline, et diminue la microcirculation, explique le Dr Dalle. Le jeûne intermittent est donc bénéfique sur ces systèmes, alors que manger 5 à 6 fois par jour n'est pas physiologique ».
Moins de protéines, plus de cholestérol ?
Encore plus provocant, l'appel à repenser le rôle du cholestérol et des graisses insaturées. Les neurostéroïdes sont synthétisés à partir du cholestérol, aussi une baisse trop importante est-elle délétère pour le cerveau – tout autant qu'un taux élevé. L'idéal serait de le maintenir entre 1,8 et 2 g/l. Il existerait une corrélation inverse entre le taux de LDL et la mortalité, car celui-ci est indispensable au transport des omégas-3, mais aussi à l'inactivation de nombreux micro-organismes et de leurs toxines. La nocivité n'est pas liée au LDL mais à sa glycation, d'où l'intérêt de réduire les sucres, plus que le cholestérol total. Il ne faut pas non plus supprimer totalement les graisses saturées, qui augmentent le taux de HDL. Par contre, il faut bannir les graisses trans de l'agro-alimentaire (< 0,3 %), comme le font certains pays, et diminuer le ratio omega-6/3, inférieur à 5/1 selon les recommandations, alors que certaines études suggèrent plutôt < 1/1…
On s'attaque maintenant aussi à la consommation de viande rouge, à limiter à 1 ou 2 fois/semaine, un peu plus chez les hommes que chez les femmes, et en préférant l'agneau au bœuf. La consommation élevée de viande rouge augmenterait la mortalité globale et par cancer de 40 %, en partie par son action sur le microbiote intestinal. En diminuant la population d'Akkermansia muciniphilia, elle provoque un gain pondéral, une diminution de l'immunité et une augmentation du risque de cancer colorectal. En ce qui concerne les protéines, il faut privilégier la qualité plutôt que la quantité. Les protéines animales restent indispensables, car leur richesse en acides aminés est supérieure à celle des protéines végétales.
Communication du Dr Claude Dalle lors du 29
e congrès Gynécologie pratique
(1) Mazzoccoli et al. Exp Gerontol. 2014 Feb;50:137-48.
(2) Hanyu Liang et al. PLos one. April 12, 2018 https://doi.org/10.1371/journal.pone.0195810
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