L’obésité chez l’enfant progresse partout dans le monde. Ses causes sont multiples – génétique, microbiote, hygiène de vie – et très étudiés. Cette grande étude, à Edmonton au Canada (1), visait à explorer les liens entre le surpoids ou l’obésité chez des enfants d’âge préscolaire et l’existence, durant la grossesse, d’un diabète maternel (gestationnel ou préexistant), ou d'un poids excessif pour l’âge gestationnel et enfin de l’allaitement au sein.
La taille et le poids de 81 226 enfants nés entre 2005 et 2013 ont été recueillis lors de la visite préscolaire, de 4 à 6 ans (critères de l'OMS surpoids ou obèses). Les données concernant la mère pendant la grossesse ont permis de distinguer six catégories, en fonction de l'état de diabète (pas de diabète [SD], diabète gestationnel [DG] ou diabète préexistant [DPE]) et du poids de la mère par rapport à l'âge gestationnel : normo pondéral (NP) ou excès pondéral maternel (EPM).
Un pourcentage de risque attribuable ajusté significativement plus élevé que celui des diabètes
Résultat, il y avait 69 506 enfants dans le groupe sans diabète ni surpoids maternel SD/NP (témoins), 5 926 dans le groupe SD/EPM, 4 563 dans le groupe DG/NP, 573 dans le groupe DG/EPM, 480 dans le groupe DPE/NP et 178 dans le groupe DPE/EPM.
Les chercheurs ont constaté que le taux d'embonpoint et/ou d'obésité à l'âge préscolaire variait de 20,5 % dans le groupe témoin à 42,9 % dans le groupe DG/EPM. Pour le seul EPM (sans diabète), le pourcentage de risque attribuable ajusté était significativement plus élevé (39,4 %) que celui du diabète gestationnel maternel seul (16,0 %) ou du diabète préexistant seul (15,1 %). Le risque en cas de DG/EPM était de 50,1 % et de 39,1 % pour l'association DPE/EPM.
La probabilité d'être en surpoids/obèse dans l'enfance était plus faible s’il y avait eu un allaitement au sein (durant les 5 premiers mois de vie) dans tous les groupes, sauf pour le DG/EPM et le DPE/EPM (qu'il soit de type 1 et de type 2).
Ces résultats devraient renforcer les campagnes de santé publique conseillant aux femmes qui envisagent une grossesse, comme pour le tabagisme et la consommation d'alcool, de contrôler leur poids avant la grossesse, ainsi que leur prise de poids et leurs glycémies pendant. Tous ces facteurs peuvent avoir impact significatif sur la santé future de leurs enfants.
Professeur émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Padma Kaul et col. Association between maternal diabetes, being large for gestational age and breast-feeding on being overweight or obese in childhood. Diabetologia. First Online: 13 November 2018. https://doi.org/10.1007/s00125-018-4758-0
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?