FUMER TUE. ÊTRE gros aussi. Le risque est au moins aussi grand, selon les résultats d’une étude nationale de cohorte menée par le Dr Martin Neovius (Karolinska Institute) et ses collègues. Les chercheurs disposaient des dossiers de 45 000 hommes qui ont subi des tests à 18 ans à l’occasion de la conscription (avec mesure de l’IMC et questions sur le tabagisme) et ont été suivis en moyenne pendant trente-huit ans. Parmi eux, 2 897 sont morts.
La relation entre le poids et le risque de mort prématurée apparaît clairement : par comparaison aux jeunes de poids normal, le risque pour les jeunes en surpoids (IMC de 25 à 29,9) augmente d’un tiers et celui pour les obèses (IMC à partir de 30) est multiplié par deux. Être en surpoids équivaut à fumer de 1 à 10 cigarettes par jour et être obèse à brûler plus de 10 cigarettes quotidiennement. La maigreur n’a pas de conséquence en la matière, sauf si l’IMC est inférieur à 17, auquel cas le risque rejoint celui des personnes en surpoids.
La responsabilité du tabac dans les morts prématurées est, elle, connue depuis longtemps. Plus on fume, plus le risque augmente, faisant plus que doubler chez les gros fumeurs. Ce sont les effets combinés du surpoids et du tabagisme à 18 ans que les chercheurs cherchaient à cerner : or, si les gros fumeurs obèses multiplient par cinq leur risque de mort prématurée par rapport aux non-fumeurs de poids normal, il n’y a pas d’interaction significative entre les deux facteurs. Que l’on fume ou pas, si l’on est gros à 18 ans, on risque davantage de mourir prématurément.
Si le tabagisme décroit, en Suède comme dans d’autres pays occidentaux, les taux restent élevés chez les adolescents, tandis que l’obésité progresse. Martin Neovius et ses collègues concluent, sagement, que les deux doivent être les cibles de politiques intensifiées de santé publique.
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