Neuf objectifs principaux ont été sélectionnés de façon pragmatique sans prétendre à l’exhaustivité avec la volonté de faire bouger les lignes dans le bon sens à l’échelle de la population générale ou de populations particulières. À titre indicatif, le premier objectif a été de réduire l’obésité et le surpoids dans la population générale de 10 % au moins et de 15 % en moyenne chez les enfants et adolescents de 3 à 17 ans… Un autre objectif a été d’améliorer les pratiques alimentaires et les apports nutritionnels, notamment dans les populations à risque, par exemple en doublant la proportion d’adultes déclarant consommer des fruits et légumes au moins 3 fois par jour… dans le droit fil du célèbre slogan « 5 fruits et légumes par jour », ou en ramenant en 5 ans la part moyenne des acides gras saturés au sein des apports lipidiques à 36 % chez les adultes. Ce ne sont là que quelques exemples pris au sein d’un ensemble qui s’adresse à de nombreux autres secteurs.
Agir et évaluer l'impact du PNNS
Pour donner corps et efficacité à cette politique de santé publique novatrice, ont été développés des campagnes médiatiques, des outils destinés aux professionnels de santé, des guides nutritionnels spécifiques (femmes enceintes, seniors, …), des chartes d’engagement de progrès nutritionnel pour les entreprises agroalimentaires et les distributeurs et bien d’autres encore… Injonctions et actions ne sont rien si elles ne sont pas évaluées. Des indicateurs de suivi quantitatifs précis ont été mis au point pour vérifier l’efficacité des mesures mises en œuvre, objectif par objectif, avec des résultats encourageants. À titre d’exemple, la consommation des fruits et légumes a progressé (+10 %) et celle du sel a diminué (-15 %). La moindre prévalence de l’obésité de l’enfant passée de 3,9 à 3,1 % est certainement à mettre au crédit du PNNS… Cependant ces bons résultats d’ensemble masquent des disparités régionales et surtout sociales importantes.
Un étiquetage nutritionnel pour aider les bons choix
L’objectif est à présent de réduire les inégalités en matière de santé. En effet, le PNNS se trouve confronté à un plafond de verre, les populations les plus à risque ayant quelques difficultés à discerner les aliments de bonne qualité nutritionnelle définie par l’apport en énergie et en nutriments. D’où l’idée de mettre en place un système d’information nutritionnelle (SIN) pour faciliter les bons choix. Le principe du SIN fait polémique depuis plusieurs années, les industriels et les distributeurs refusant que certains aliments soient stigmatisés. Après moultes tergiversations, la capacité des SIN prévus par la loi Santé de décembre 2015 à orienter le comportement du consommateur a été testée dans une soixantaine de supermarchés dans des conditions réelles d’achat. C’est le SIN graphique à 5 couleurs (5C) ou Nutriscore avec une cotation allant de A (vert) à E (rouge) qui a été retenu. Ce logo simple qui prend en compte l’étiquetage nutritionnel figurant au dos de l’emballage a paru le plus efficace auprès de la population la moins favorisée. Il devrait aider au choix des aliments les moins caloriques, les moins gras et les moins sucrés pour lutter contre l’épidémie d’obésité . Toutefois, ce logo, appliqué sur la base du volontariat et déjà contesté, n’est qu’une des multiples actions à entreprendre pour infléchir les comportements : éducation, information et encadrement réglementaire. De plus, ne perdons pas de vue que l’acte d’achat est un phénomène complexe qui ne dépend pas que du facteur santé mais aussi du coût et du plaisir ressenti…
Professeur de médecine interne et nutrition, université de Strasbourg
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