Un travail portant sur les 382 migrants originaires de 22 pays de la ligue Arabe (Moyen Orient surtout : Liban, Égypte et Syrie) installés en Australie d’assez longue date (en moyenne 20 ans) montre que le faible degré d’assimilation à la culture du pays d’accueil et le fort attachement aux valeurs traditionnelles sont liés à un plus mauvais contrôle glycémique (1).
Ces patients d’âge moyen supérieur à 70 ans avaient pourtant un niveau de scolarité satisfaisant (pour 75 %), et étaient porteurs d’un diabète de type 2 (DT2) depuis en moyenne huit ans. Le score de Jaber et al., mesurant le degré d’acculturation (2), était lié à un plus mauvais contrôle glycémique, malgré l’ancienneté de leur venue en Australie. Un travail mené sur l’auto-efficacité, la littératie en santé et les activités de soins personnels ont partiellement médié la relation entre l’acculturation et l’HbA1c.
La faible adhésion à la culture d’accueil semble donc jouer un rôle important sur la qualité des résultats.
Une question au quotidien
Nous sommes tous concernés par cette problématique que constitue la prise en charge de maladies chroniques chez des migrants, ici installés de longue date dans le pays d’accueil, surtout des situations où l’autosoin, un changement du mode de vie, de l’alimentation, sont nécessaires. Une autre étude menée aux États-Unis sur des immigrés Arabes a retenu que l’attirance pour la culture américaine était le prédicteur le plus important de l’activité physique ; alors que l’attirance pour la culture arabe était le prédicteur le plus important de la gestion du stress et des pratiques nutritionnelles. Contrairement à d’autres pays, dans notre système de santé, la responsabilité de ces médiocres résultats est moins attribuée au social, à une possible discrimination et à l’accès et la gratuité des soins. Ici, les auteurs reconnaissent que cette étude n’a pas pris en compte tous les facteurs susceptibles d’avoir joué un rôle dans la relation entre l’acculturation et l’HbA1c dans leur pays : discrimination sociale, accès aux soins. De plus, la représentativité de l’échantillon de l’étude par rapport à la population d’intérêt plus large n’a pas pu être vérifiée. Les études futures devraient examiner l’acculturation de manière longitudinale, pour établir la causalité et comprendre la direction des associations, comme la relation entre le contrôle glycémique et la perception de la maladie, dans le contexte plus large des facteurs individuels et environnementaux affectant les personnes atteintes de diabète. En somme pas de conclusion hâtive !
(1) Alzubaidi H, Oliveira VH, Samorinha C, Mc Namara K, Shaw JE. Acculturation and glycaemic control in Arab immigrants with type 2 diabetes in Australia. Diabetologia. 2024 Apr;67(4):663-669. doi: 10.1007/s00125-023-06081-5.
(2) Jaber et al; Diabetes Care. 2003 Jul;26(7):2010-4
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