Les inhibiteurs de SGLT2 (iSGLT2), avec leurs effets protecteurs rénaux et cardiovasculaires (CV), peuvent-ils aussi bénéficier à la lutte contre certaines complications infectieuses ? Cette étude en situation réelle a visé à comparer le risque de pneumonie et de septicémie entre les iSGLT2 et les inhibiteurs de la DPP4 (iDPP4, ou gliptines), chez les patients atteints de diabète de type 2 (1).
Le registre clinique du territoire de Hong Kong (Clinical data analysis and reporting system [CDARS]) a permis de repérer les patients qui avaient débuté un traitement par iSGLT2 ou par iDPP4 entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2019. Après appariement par score de propension 1:2, 10 706 nouveaux utilisateurs d’inhibiteurs du iSGLT2 et 18281 nouveaux utilisateurs de iDPP4 ont été inclus dans l’étude.
Les critères de jugement principaux étaient les pneumonies, les sepsis (toutes formes d’états infectieux cutanés, biliaires, urinaires, gastro-intestinaux…) et la mortalité associée. L’analyse des risques proportionnels de Cox a été utilisée pour comparer ces risques entre les deux antidiabétiques.
Une réduction de plus de moitié
L’âge moyen de tous les sujets éligibles était de 60 ± 11,07 ans et 61,1 % étaient de sexe masculin.
On a enregistré 309 événements de pneumonie (soit une incidence de IR = 11,38/1 000 personnes-années) parmi les patients initiés par des iSGLT2 et 961 (IR = 20,45) chez ceux qui avaient commencé par un iDPP4. Donc un risque plus faible chez les utilisateurs de iSGLT2 (HR ajusté = 0,63 ; IC95 [0,55−0,72]).
De même, les utilisateurs d’iSGLT2 avaient une incidence plus faible de sepsis : n = 164 vs. 610 ; IR = 6,00 vs 12,88. Et un risque plus faible de décès, qu’il soit lié à une pneumonie (HR = 0,41 [0,29−0,58]), ou à un sepsis (HR = 0,39 [0,18−0,84]), ou encore à toute infection (HR = 0,43 [0,32-0,57]). Ces résultats sont maintenus après stratification selon l’âge, le sexe, les maladies cardiovasculaires préexistantes et type d’inhibiteurs du SGLT2 (dapagliflozine ou empagliflozine).
Cette étude conclut que, quels que soient le contexte clinique ou le type d’inhibiteurs du SGLT2 utilisé, les patients atteints de DT2 sous traitement iSGLT2 ont une incidence plus faible d’infections, pneumonies et sepsis, et une de mortalité associée plus faible que ceux sous iDPP4.
La classe la plus dénuée d’effets indésirables ?
Les effets indésirables (EI) des médicaments doivent être parfaitement connus. Les nouveaux antidiabétiques sont beaucoup mis sur la sellette, parfois à juste titre mais parfois aussi accusés à tort par des détracteurs professionnels.
On sait que les gliptines (iDPP4) ont été considérés comme étant les plus sûrs des antidiabétiques, mais avec une petite alerte sur les risques infectieux ORL et respiratoires.
Les glifozines (iSGLT2, ici dapagliflozine ou empagliflozine) très en vogue aujourd’hui et à juste titre, ont un profil antidiabétique plus intéressant que les gliptines mais avec davantage d’EI : principalement des infections urinaires, surtout génitales (assez peu en pratique courante, mais réels) et une hypovolémie.
Ces risques infectieux ne se retrouveraient donc pas sur le plan respiratoire. Une réponse finalement encore rassurante. On est cependant surpris que les données concernant spécifiquement les infections urinaires ne soient pas rapportées dans cette étude.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Wu MZ, Chandramouli C, Wong PF, et al. Risk of sepsis and pneumonia in patients initiated on SGLT2 inhibitors and DPP-4 inhibitors. Diabetes Metab. 2022;48(6):101367. doi : 10.1016/j.diabet.2022.101367
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