La « NAFLD » (pour Non Alcoholic Fatty Liver Disease ou stéatose hépatique non alcoolique) est caractérisée par la présence d'une accumulation anormale de graisses dans le foie qui, chez certains individus, peut affecter les cellules hépatiques (ballonisation hépatocellulaire) et provoquer une inflammation. La ballonisation et l'inflammation hépatocellulaire sont généralement considérés comme les moteurs de la progression de la « NASH » (stéatohépatite non alcoolique). Elle peut au fil du temps provoquer une accumulation de cicatrices dans le foie. C'est le phénomène de fibrose, une réponse naturelle aux lésions qui peut conduire à une cirrhose ou un cancer du foie.
Une prévalence mondiale de 25 %
« Ces données suggèrent que l'augmentation du risque de cancers associée à l'obésité peut être largement attribuée à la présence de la NAFLD, tandis que l'obésité en l'absence de diagnostic de NAFLD est peu associée au risque de cancer », note l'équipe du Dr Alina Allen de la Mayo Clinic de Rochester (Minnesota, États-Unis) dans le Journal of Hepatology (1).
De nombreuses études épidémiologiques ont montré que l'obésité, mesurée par l'indice de masse corporelle (IMC), est associée à une augmentation de risque de plusieurs cancers. Or, au cours des quarante dernières années, la prévalence de l'obésité a doublé et, par conséquent, l'incidence de la NAFLD ou maladie du « foie gras » a considérablement augmenté - avec une prévalence mondiale estimée en 2017 à 25 %.
L'équipe du Dr Alina Allen, de la Mayo Clinic de Rochester (Minnesota, États-Unis), a cherché à préciser quels sont les types de cancers particulièrement développés par les patients présentant une NAFLD et quels sont les risques respectifs. Reste à savoir quel est le rôle de la NAFLD/NASH dans l'association obésité-cancer.
Allen et al. ont identifié tous les adultes diagnostiqués avec une NAFLD dans un comté du Minnesota entre 1997 et 2016. Les patients ont été chacun appariés à 3 témoins du même comté (même age et sexe). Le critère de jugement principal était l'incidence observée au cours du suivi de cancer (et sa localisation) jusqu'à la mort du patient ou la fin de l'étude.
Au total, plus de 4 700 patients avec une NAFLD et plus de 14 400 témoins ont été suivis pendant 8 ans en moyenne, durant lesquels 2 224 cas de cancers sont survenus. Les patients avec un diagnostic de NAFLD présentaient, en comparaison aux témoins, des taux plus élevés d'obésité (66 % contre 35 %), de diabète (33 % contre 9 %), d'hypertension (46 % contre 2 %) et de dyslipidémie (59 % contre 33 %).
Continuer à mieux caractériser l'excès d'adiposité
L'étude montre que la NAFLD est associée à un risque de cancers presque deux fois plus élevé (accru de 90 % ; IRR = 1,9 ; IC 95 % : 1,3-2,7) comparé au risque dans la cohorte appariée sans NAFLD. Les plus grands risques sont observés pour le cancer du foie (IRR = 2,8), de l'utérus (IRR = 2,3), de l'estomac (IRR = 2,3), du pancréas (IRR = 2,3) et du cancer du côlon (IRR = 1,8). En comparaison des témoins non obèses, la NAFLD est associée à un risque deux fois plus élevé de cancers (IRR = 2), tandis que l'obésité sans « foie gras » n'est pas associée à un surrisque de cancers (IRR = 1).
« Nous montrons que la NAFLD pourrait être un biomarqueur intermédiaire plus important du risque de cancer, précise l'étude. Dans cette cohorte, le risque lié à l'obésité était largement imputable à la NAFLD, tandis que l'obésité en l'absence de NAFLD avait une association minime avec le risque de cancer. Ces résultats servent à formuler des hypothèses pour les futures études des mécanismes biologiques qui sous-tendent cette association, afin d'examiner si la NAFLD peut être un facteur de prédiction par association ou de médiation sur la voie causale du développement du cancer. »
« Ces observations épidémiologiques uniques recadrent notre compréhension de l'association entre obésité et risque de cancer, conclut l'étude. La nécessité de continuer à mieux caractériser l'excès d'adiposité ne fait aucun doute, car les mesures actuelles d'obésité, tel que l'IMC, sont insuffisantes et peuvent négliger d'autres facteurs clés pouvant contribuer aux résultats, reposant sur une distribution ectopique de graisse ».
A. Allen et al., Journal of Hepatology, 10.1016/j.jhep.2019.08.018, 2019
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