LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN - Quels sont risques pour la santé d’une catastrophe nucléaire comme celle qui s’annonce au Japon ?
HUBERT de CARBONNIÈRES - Pour l’instant, nous sommes dans l’expectative. Nous n’avons pas une idée complète de ce qui s’est passé et de ce qui va se passer. D’après ce que nous savons, un nombre relativement modeste de personnes a été directement impliqué dans la prise en charge de l’accident. Pour eux, le risque est celui d’une irradiation, d’une exposition à de fortes doses. Le reste de la population est exposé à un risque de contamination par de plus faibles doses.
Quelles pathologies faut-il redouter ?
Dans les cas les plus extrêmes, et cela concerne ceux qui interviennent dans la centrale, l’irradiation peut provoquer des brûlures cutanées si l’exposition a été partielle et des aplasies médullaires si l’exposition a été globale. Ces pathologies nécessitent une prise en charge spécifique et une surveillance rigoureuse. Le risque pour la population contaminée est essentiellement un risque de cancers à plus long terme. Dans un premier temps, on ne s’aperçoit de rien. Le risque parmi la population est alors aléatoire. Nous sommes incapables de dire : à telle ou telle dose, le risque de tel ou tel cancer va augmenter. Il est seulement possible d’affirmer que sur une population nombreuse, le risque global de cancérogenèse augmente. Mais cela dépend de la quantité de radionucléides relâchés par le réacteur, de l’intensité de l’accident et des conditions météorologiques (force et direction des vents, précipitations). Dans ce type d’événements, une proportion importante de différents isotopes radioactifs de l’iode est relarguée dans l’atmosphère, d’où la fréquence élevée de cancers de la thyroïde, comme cela a pu être observé après l’accident de Tchernobyl. Le risque est d’autant plus élevé que les sujets sont jeunes. Au-delà de 40 ans, l’augmentation est faible, voire non détectable.
Envisagez-vous une intervention au Japon ?
Une équipe de la Sécurité civile a été envoyée sur place. Deux membres de notre équipe, un médecin et un pharmacien, ont, à leur demande, intégré le groupe afin d’assurer leur protection. Nous nous préparons aussi à intervenir au cas où nous serions sollicités si le Japon exprimait une demande d’aide plus importante et plus orientée sur le risque nucléaire.
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