Les autorités sanitaires françaises ont émis des avis favorables, sous conditions, au remboursement par l’Assurance-maladie de l'antidiabétique Mounjaro (tirzépatide) du groupe pharmaceutique américain Eli Lilly, utilisé dans l'obésité et dans le diabète de type 2.
Les avis dans ces deux indications différentes, validés mi-juillet par la commission de la transparence qui évalue les médicaments, ont été rendus publics ce 7 septembre par la Haute Autorité de santé (HAS). Mounjaro appartient à une classe de traitements imitant l’hormone intestinale GLP-1 (abréviation de glugacon-like peptide-1), qui stimule la sécrétion d'insuline et procure une sensation de satiété. Le tirzépatide a la particularité d’être un agoniste à la fois des récepteurs du GLP-1 et du GIP.
Dans l’obésité, en complément d’un régime hypocalorique et d’activité physique
Dans l'obésité, le remboursement de Mounjaro est préconisé en deuxième intention, « uniquement en complément d’un régime hypocalorique et d’une augmentation de l’activité physique dans le contrôle du poids ». Il est recommandé que ce traitement soit prescrit chez l’adulte ayant un indice de masse corporelle (IMC) initial supérieur ou égal à 35 kg/m² en cas d’échec d’une prise en charge nutritionnelle bien conduite (moins de 5 % de perte de poids à six mois). La prescription devrait être réservée, selon la HAS, aux professionnels et structures impliqués dans la prise en charge de l’obésité des niveaux de recours 2 et 3. À savoir : les médecins spécialistes de l’obésité (médecins nutritionnistes) en lien avec les établissements de soins de suite et de réadaptation (SSR) spécialisés en gastro-entérologie, endocrinologie, diabétologie, nutrition, et les centres spécialisés de l’obésité (CSO) ou les centres hospitaliers universitaires (CHU).
La commission juge aussi « nécessaire d’évaluer l’efficacité du traitement au bout de 6 mois, et d’envisager un éventuel arrêt, notamment en cas de perte de poids inférieure à 5 % ».
« En l’absence de donnée comparative robuste versus les autres analogues du GLP-1 indiqués dans l’obésité, Wegovy (sémaglutide) ou Saxenda (liraglutide), Mounjaro (tirzépatide) ne peut être hiérarchisé versus ces molécules », lit-on encore. Pour rappel, le sémaglutide et le liraglutide ne sont pour l’heure pas remboursés (même si le premier a été autorisé entre le 21 juillet 2022 et le 27 septembre 2023 en accès précoce dans l’obésité et que les conditions de sa prise en charge sont en discussion).
Dans le DT2, en 2e ou 3e ligne
Dans le diabète de type 2, un feu vert à une prise en charge du Mounjaro a été recommandé uniquement « chez les adultes pour le traitement du diabète de type 2 insuffisamment contrôlé en complément d’un régime alimentaire et d’une activité physique, en 2e ligne ou 3e ligne de traitement ». Et ceci, dans des situations particulières : si l’écart à l’objectif est > 1 % d’HbA1c et que l’IMC ≥ 30 kg/m² ou si la prise de poids sous insuline ou la survenue d’hypoglycémies sont préoccupantes et que la maladie est insuffisamment contrôlée par une monothérapie par la metformine ou une bithérapie.
La HAS se prononce en faveur du remboursement uniquement en bithérapie avec la metformine, en trithérapie avec la metformine et un sulfamide hypoglycémiant, et en trithérapie avec la metformine et une insuline basale. Mounjaro « n’a pas de place en monothérapie quand l’utilisation de la metformine est considérée comme inappropriée en raison d'une intolérance ou de contre-indications », est-il précisé. En outre, aucune donnée ne démontre un éventuel bénéfice cardiovasculaire du tirzépatide, contrairement aux autres analogues dulaglutide (Trulicity) et liraglutide (Saxenda), selon l’agence.
La HAS plaide enfin pour des mesures d’encadrement de la prescription et de la délivrance des analogues du GLP-1, qui font régulièrement l’objet de détournements à des fins esthétiques.
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