Sémaglutide ou tirzépatide ? Pour maigrir, les résultats d’une étude américaine, publiée dans le Jama Internal Medicine, penchent en faveur du double agoniste des récepteurs du GLP-1 et du GIP, le tirzépatide chez des patients ayant ou non un diabète de type 2 (DT2) en situation d’obésité (indice de masse corporelle [IMC] ≥ 30) ou de surpoids (27 ≤ IMC > 30).
L'étude, qui s’appuie sur une cohorte de plus 41 222 patients, dont 18 386 inclus, via les dossiers médicaux électroniques, montre également que beaucoup de patients ont abandonné leur traitement sur la période d’observation, avec 54,2 % d’arrêt lors de la première année (55,9 % pour le tirzépatide et 52,5 % pour le sémaglutide). À ce sujet, les auteurs rappellent que « ces médicaments sont onéreux et que leur couverture est limitée pour les patients ne souffrant pas de DT2, un fait qui pourrait jouer sur l'observance réelle et atténuer l'effet du traitement ».
Indiqués dans la perte de poids chez les adultes en situation d’obésité ou de surpoids, dès 2021 aux États-Unis pour le sémaglutide (2022 en Europe) et en 2023 pour le tirzépatide (États-Unis et Europe) – encore non pris en charge en France – , l’analogue du GLP-1 et le double agoniste se mesurent au prisme de leur efficacité à moyen terme. Des études en vraie vie ont déjà comparé l’efficacité de ces deux incrétinomimétiques sur la perte de poids chez des patients atteints de DT2 : toutes sont en faveur du tirzépatide. Un essai en cours (Surmount-5) compare l’efficacité chez des adultes non DT2 en situation ou en surpoids.
En moyenne, 54,2 % d’arrêt de traitement dans les deux groupes
L’étude a inclus 18 386 patients adultes ayant été traités, soit par sémaglutide (n = 9 192), soit par tirzépatide (n = 9 193) entre mai 2022 et septembre 2023. Il s’agissait de patients âgés en moyenne de 52 ans, à 70,5 % de femmes et à 77,1 % d’origine caucasienne. Les patients pesaient en moyenne 110 kg et pour moitié (52 %) présentaient un DT2.
De façon intéressante, les auteurs notent qu’avant l’appariement, sur la cohorte initiale de 41 222 patients, ceux prenant du tirzépatide comparés à ceux prenant du sémaglutide, étaient plus jeunes, plus souvent des femmes, avaient fait plus d’études supérieures et présentaient moins souvent un DT2 ou d’autres comorbidités. Mais c’est dans le groupe tirzépatide que la perte de poids était la plus marquée : ce groupe a été significativement plus susceptible d’obtenir une perte de poids de 5 % (HR = 1,76 ; 81,8 versus 66,5 %), une de 10 % (HR = 2,54 ; 62,1 versus 37,1 %) et de 15 % (HR = 3,24 ; 42,3 versus.18,1 %). De plus, la perte de poids en cours de traitement était, avant ajustement, en moyenne plus importante à 3 mois avec une différence de 2,3 % (-5,9 versus -3,6 %), à 6 mois avec une différence de 4,3 % (-10,1 versus -5,8 %) et à 12 mois avec une différence de 7 % (-15,3 versus -8,3 %).
Les GLP-1 plus efficaces chez les patients non DT2
La survenue d’effets indésirables gastro-intestinaux, risque le plus notable, était similaire dans les deux groupes. Les patients non DT2 ont perdu plus de poids que les personnes diabétiques, tant pour le tirzépatide que pour le sémaglutide. De manière plus générale, les auteurs font remarquer que dans les deux groupes « la perte de poids était la plupart du temps supérieure à 5 % », confirmant ainsi le bénéfice des agonistes des récepteurs du GLP-1 dans l’obésité.
Un constat partagé par les Prs Bernard Bauduceau, Jean-Louis Schlienger et Louis Monnier qui signent un article dans la revue Diabétologie Pratique sur « l’espoir nouveau » des incrétinomimétiques dans la prise en charge de l’obésité. Ils écrivent qu’avec le tirzépatide, « la perte de poids s’avère donc très voisine des meilleurs résultats obtenus avec la chirurgie bariatrique ». Ce double agoniste des récepteurs du GLP-1 et du GIP sera donc « une avancée majeure dans le traitement du diabète et de l’obésité et les études menées versus le sémaglutide ont montré sa supériorité ».
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