Selon un papier d'analyse publié dans le « BMJ », le diabète de type 2 est encore trop souvent considéré à tort comme une maladie irréversible. Les auteurs estiment que les malades et les médecins ne réalisent généralement pas qu'un patient diabétique de type 2 peut parvenir à une rémission grâce à un régime alimentaire adapté, comme le montre un ensemble de plus en plus important de preuves expérimentales.
« Les recommandations actuelles insistent sur la réduction de la glycémie, en premier lieu avec un traitement et des conseils généraux sur le mode de vie, commentent les 6 auteurs dirigés par le Dr Louise McCombie (école de médecine de l'université de Glasgow), mais beaucoup de patients développent tout de même des complications, et leur espérance de vie est inférieure de 6 ans à celle de la population générale. »
Les cas de rémission du diabète sont mal documentés. Une étude américaine parue en 2014 dans « Diabetes Care » a montré qu'une rémission était observée chez 0,14 % des 120 000 patients suivis pendant 7 ans. La base de données de la Scottish Care Information Database, qui inclut la totalité des patients écossais, montre que moins de 0,1 % des diabétiques de type 2 sont enregistrés comme étant en état de rémission.
Un manque de consensus international
Pour les auteurs, ces faibles chiffres s'expliquent en partie par la réticence des professionnels de santé à l'idée de déclarer les patients en rémission. La principale raison reste toutefois le faible nombre de patients qui essaient effectivement d'atteindre cet état de rémission. Une solution résiderait dans un changement de paradigme : ne plus focaliser les recommandations sur le traitement des conséquences du diabète mais sur la possibilité d'obtenir un retour à la normale du contrôle glycémique, et donc la fin du diabète, par une combinaison de traitement médical et de régime alimentaire optimisé.
Il n'existe pas de consensus international autour de la définition de la rémission du diabète. Pour l'association américaine du diabète, elle se caractérise par un taux d'hémoglobine glyquée inférieur à 6,5 % et une glycémie à jeun de moins de 5,6 nmoles/L sans traitement. Pour les auteurs du « BMJ », la mesure de l'hémoglobine glyquée seule ou de la glycémie seule doit suffire à identifier la rémission. Ils recommandent la réalisation de deux tests de l'hémoglobine glyquée à deux mois d'intervalle pour confirmer la rémission.
« Il est de l'intérêt de tous de requalifier les patients en rémission à partir du moment où ils ne sont plus diabétiques, estiment les auteurs, des recommandations officielles et un consensus international promouvant l'enregistrement des patients en rémission sont nécessaires. »
Les intérêts cités par les auteurs sont aussi et surtout d'ordre économique : environ 10 % des dépenses de la sécurité sociales britanniques (NHS) sont consacrées à la prise en charge du diabète.
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