Les maladies non transmissibles progressent

Plus de 36 millions de décès par an dans le monde

Publié le 15/09/2011
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« UNE OCCASION unique pour la communauté internationale de prendre des mesures contre l’épidémie, de sauver des millions de vies et de renforcer les initiatives en faveur du développement. » C’est en ces termes que les responsables internationaux présentent la rencontre convoquée en semaine prochaine par l’Assemblée générale des Nations Unies. Il s’agit, selon Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’ONU, d’inscrire « les maladies non transmissibles en tête de la liste des priorités en matière de développement, où elles devraient figurer ». En avril 2011, Margaret Chan, directrice de l’OMS, appelait déjà à l’action, annonçant une « catastrophe au ralenti ». Le rapport publié cette semaine confirme les inquiétudes.

Progression de 15 % en 2020.

Les maladies non transmissibles tuent plus que les maladies infectieuses. Sur les 57 millions de décès survenus dans le monde en 2008, 36 millions (63 %) étaient dus à une maladie non transmissible. Quatre d’entre elles sont responsables de 3 décès sur 5 : maladies cardio-vasculaires (17 millions, soit 48 % des décès), cancer (7,6 millions, 21 % des décès), pneumopathies chroniques, y compris l’asthme et la BPCO (4,2 millions) et diabète (1,3 million).

Selon les projections, le nombre de décès liées aux maladies non transmissibles devrait augmenter de 15 % entre 2010 et 2020 pour atteindre les 44 millions. Dans certaines régions du monde, comme l’Afrique, la Méditerranée orientale, le Sud-Est asiatique, l’augmentation devrait même s’élever à 20 %.

Les maladies non transmissibles touchent tous les continents, les pays riches comme les pays pauvres. Ainsi, 80 % des décès dus aux maladies cardio-vasculaires et au diabète, 90 % des décès liés à une BPCO surviennent dans les pays à faibles et moyens revenus. Les maladies non transmissibles y sont responsables de 29 % des décès prématurés survenant avant l’âge de 60 ans (contre 13 % dans les pays riches). L’augmentation de l’incidence des cancers, de 12,7 millions de nouveaux cas en 2008 à 21,4 millions en 2030, devrait principalement concerner les pays à faibles et moyens revenus avec deux tiers des cancers.

Changer les comportements.

Le rapport insiste sur le contrôle des facteurs comportementaux. Le tabac était en 2008, à l’origine de 6 millions de décès dans le monde, soit directement, soit du fait d’un tabagisme passif (6 % des décès chez les femmes et 12 % des décès chez les hommes). « Si aucune action sérieuse n’est menée, les décès liés au tabagisme pourraient augmenter jusqu’à 8 millions en 2030, soit 10 % de tous les décès », soulignent les experts. Le manque d’activité physique (3,2 millions de morts chaque année), l’alcool (2,3 millions de décès), un régime alimentaire pauvre en fruits et légumes (1,7 million) sont des facteurs liés au mode de vie qui peuvent être combattus. « On estime qu’une baisse de la consommation de sel de 9-12 g, comme cela est souvent le cas, à 5 g par jour, comme le recommande l’OMS, pourrait avoir un impact majeur sur la pression artérielle et sur la survenue des maladies cardio-vasculaires », poursuit le rapport. Selon les experts, des arguments solides existent aussi en faveur d’un lien entre graisses saturées et acides gras trans et risque de maladies coronariennes et de diabète de type 2.

HTA, surpoids et obésité.

Tous ces facteurs comportementaux favorisent l’hypertension artérielle, le surpoids et l’obésité ou l’hypercholestérolémie. En 2008, 7,5 millions de décès (12 % des décès annuels) étaient dus à une HTA. La prévalence de l’hypertension artérielle dans la population mondiale âgée de 25 ans était de 40 %. Cette proportion a globalement baissé entre 1980 et 2008, mais, du fait de la croissance et du vieillissement de la population, le nombre d’hypertendus était en augmentation de 600 millions en 1980 à 1 milliard en 2008. L’hypertension artérielle touche surtout les pays à bas et moyens revenus, l’Afrique étant la région la plus touchée avec 46 % d’adultes, hommes et femmes, concernés (35 % pour les pays riches).

Le surpoids et l’obésité gagnent également du terrain. En 2008, 35 % des adultes de 30 ans et plus étaient en surpoids, 10 % des hommes et 14 % des femmes étaient obèses (seulement 5 et 8 % l’étaient en 1980). Chaque année, le surpoids et l’obésité tuent 2,8 millions de personnes. Quelque 40 millions d’enfants d’âge préscolaire étaient en surpoids en 2008. La région des Amériques était la plus touchée (prévalence de 62 % pour le surpoids et 26 % pour l’obésité). La région Europe était surtout concernée par hypercholestérolémie, avec une prévalence de 54 % pour les deux sexes, contre une prévalence de 39 % pour la population mondiale. L’hypercholestérolémie a été responsable de 2,6 millions de décès en 2008.

Dr LYDIA ARCHIMÈDE
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Source : Le Quotidien du Médecin: 9004